Portraits de seniors. Josette FORGES, la bienveillance incarnée | Le Mans

Josette Forges s’est installée avec son fils dans le quartier des Sablons, au Mans, il y a 26 ans. Cette ancienne aide à domicile, engagée auprès des habitant.es du quartier, y trouve le contact et les liens qu’elle apprécie tant nourrir avec ses congénères. Bien occupée entre ses activités au centre social, ses amies, et sa famille, elle rayonne d’énergie et de jovialité.

Prénom : Josette
Âge : 72 ans
Signes distinctifs : deux chattes, trouvées dans le quartier, Galipette et Greeslie, adoptées depuis, et une collection d’objets félins en tous genres !
Engagements : bénévole au Conseil citoyen, ex-trésorière de la confédération nationale du logement (CNL), active au centre social Le Kaléidoscope

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Je suis arrivée aux Sablons il y a 26 ans, après avoir divorcé d’un mari violent. Je suis arrivée ici avec mon fils de deux ans sous le bras, et alors que j’avais souvent dit que je ne voulais pas habiter dans ces tours, que je voyais depuis ma maison ! Finalement je ne regrette pas du tout d’avoir atterri ici, après un passage dans un foyer maternel et un appartement d’urgence. La vie fait qu’on s’adapte. Dans le quartier, on avait, mon fils François et moi, tout ce qu’il fallait à proximité pour que je puisse reprendre le travail sereinement et l’élever seule. Il a passé (et moi aussi) pas mal de temps au Kaléidoscope, le centre social à côté de chez nous, qui propose plein d’activités pour les grands et les petits. Pendant une vingtaine d’années, j’ai travaillé comme secrétaire médicale, à une époque où il n’y avait pas encore l’informatique. Je me souviens que mon bureau était au milieu de la salle d’attente : je peux vous dire que c’était l’humain qui primait, qu’est-ce qu’on échangeait avec les patients ! Quand les dossiers ont dû être numérisés, comme ce n’était pas du tout mon truc, j’ai opéré un virage professionnel, en m’orientant vers les services à domicile. J’ai accompagné des personnes âgées dans leur quotidien, jusqu’à ma retraite. Huit par semaine. Je continue d’ailleurs à rendre visite à certaines d’entre elles. C’est vraiment un public que j’aimais beaucoup, qui à mon avis, a plein de choses à nous transmettre.

« Je ne voulais pas habiter dans ces tours, que je voyais depuis ma maison ! Finalement je ne regrette pas du tout d’avoir atterri ici. »

Quelle vision avez-vous de votre quartier et de son évolution au cours des années ?

Je dirais que c’est un quartier accueillant, avec beaucoup de nationalités représentées. Je discute avec plein de monde ici ! Bon, parfois on a quand même la barrière de la langue qui empêche d’aller aussi loin que ce qu’on voudrait. Mais globalement, moi qui aime bien le contact, je suis servie ! Parfois j’entends des gens dire « c’est un quartier chaud les Sablons », je leur dis : « venez vivre ici, vous verrez bien. » C’est dans le centre-ville du Mans, moi, que je ne suis pas très rassurée. Je n’y vais pas très souvent d’ailleurs. Les fois où je sors du quartier, c’est pour aller voir mes frères et sœurs qui habitent la région, ou mon fils qui est installé à Sablé-sur-Sarthe. Le problème, c’est qu’on a mis une étiquette au quartier, comme si c’était Chicago ici, parce que c’est vrai que dans les années 80, 90, c’était plus compliqué. Il s’est passé des événements dramatiques. Conclusion, quand il se passe quelque chose, du trafic, de la violence, tout de suite c’est associé au quartier des Sablons ! Un jour je l’ai même dit à un journaliste, parce que ça m’agaçait trop. C’est vrai, quand il se passe quelque chose dans un autre quartier, on ne le cite pas forcément ! Ce qui me dérange le plus ici, c’est la saleté, tout ce qui est laissé à côté des containers. Et d’ailleurs j’ai remarqué que ce ne sont pas toujours les habitant.es qui laissent tout ça. Je vais être honnête, plusieurs fois je me suis posé la question de déménager, mais franchement je me plais bien ici. Dans mon appartement, des travaux ont été faits, la salle de bain a été rénovée, du double vitrage a été posé… et je ne crois pas que ce soit le cas dans tous les quartiers. Un de mes endroits préférés, c’est l’île aux sports et son lac. C’est tout près, et j’ai tout de suite l’impression d’être dans la nature. Je vais m’y balader deux fois par semaine. J’aime bien aussi marcher le long de la promenade Newton, qui a été complètement refaite.

Comment vous situez-vous dans le quartier ?

Disons que j’ai mes habitudes, mes copines, mes rendez-vous. Je fais du théâtre depuis 7 ans avec le centre social, mais aussi de la gym, et tous les jeudis je participe à la « Récré des adultes », un moment convivial organisé par le Kaléidoscope pour les plus de 60 ans. On joue, on papote. Tous les jeudis matin, je vais sur le marché des Sablons, que j’adore, et je prends un café avec mes copines de la confédération nationale du logement où j’ai été trésorière plusieurs années. Notre mission, c’était de faire remonter la parole des habitantes et des habitants quand il y avait des litiges en matière d’habitat. C’est comme ça que j’ai été repérée et sollicitée pour intégrer le Conseil citoyen. J’ai dit oui tout de suite parce que bien sûr, c’est important de pouvoir donner son avis, mais aussi parce que c’est un endroit où j’apprends plein de choses. Ça m’a permis de bénéficier d’une bonne remise à niveau citoyenne sur ce que sont les maires, les sénateurs et les sénatrices, les député.es, comment ils et elles sont élu.es… Et puis il nous arrive de faire des déambulations dans le quartier avec Kévin, l’animateur du conseil citoyen, et Sylvie, une habitante très engagée du quartier : on se note ce qui pourrait être amélioré, et on va à la rencontre des jeunes. Certains trainent ou sont un peu agités en bas de l’immeuble, mais ce sont surtout des gamins désœuvrés, à mon avis. Comme on a tendance à salir les quartiers, ce n’est pas évident pour eux de trouver leur place dans la société. Au début, je n’étais pas très à l’aise, mais un jour j’ai décidé de leur parler, et depuis ils me portent mes courses jusqu’à l’ascenseur !

« J’ai été repérée et sollicitée pour intégrer le Conseil citoyen. J’ai dit oui tout de suite parce que bien sûr, c’est important de pouvoir donner son avis, mais aussi parce que c’est un endroit où j’apprends plein de choses. »

Quel serait votre rêve pour vous et votre quartier

Je ne dis pas que c’est parfait ici, mais moi je ne changerais pas grand-chose. Si, peut-être la saleté, qui est vraiment ce qui me pèse le plus, et puis l’accès à plus de professionnel.les de santé. Mais ça, c’est un problème qu’on rencontre partout en France ! Trouver un rendez-vous chez un dentiste ou un ophtalmo, c’est vraiment la galère. Parfois, je profite même d’aller visiter mon frère à la Ferté-Bernard pour prendre un rendez-vous. A part ça, je suis bien. Je connais mes voisins et mes voisines depuis longtemps, on se rend des services. Par exemple, il m’est arrivé d’aller chercher le programme télé à une mamie, j’ai la chance qu’un couple au-dessus de chez moi me donne plein de pâtisseries au moment du Ramadan, il est arrivé à une autre famille de me déposer chaque semaine une assiette de couscous… On est là les uns pour les autres !

Propos recueillis par Clémence Leveau

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