Portraits de jeunes. Johan MANCEAU, militant de la communication et du vivre ensemble | Allonnes

Johan dit que si sa dyslexie et sa dysorthographie peuvent, au quotidien, lui mettre des barrières, elles ne l’empêchent jamais d’arriver à une compréhension mutuelle avec des personnes de toutes origines. Il met ainsi son sens de la communication, enthousiaste, bienveillante et sincère, au centre de ses engagements, au service de l’association AKA et de la ville d’Allonnes.

Nom : MANCEAU

Prénom : Johan

Âge : 17 ans ½

Signes distinctifs : Un emploi du temps débordant de ses multiples engagements !

Engagements et projets : Avec un ami congolais, ils ont l’ambition de créer une association, « Inter-Action » (Inter pour International) dont l’objet sera de venir en aide aux personnes victimes de discriminations.

 

Pouvez-vous vous présenter ainsi que le quartier où vous vivez ? Quel a été votre parcours ?

« Je m’appelle Johan Manceau, j’habite à Allonnes depuis 14 ans. J’ai grandi en 1er lieu, à Chaoué, un quartier d’Allonnes, j’ai résidé aux Perrières et j’habite actuellement à Sablé sur Sarthe pour ma formation. Je travaille dans le Placo, au CFA du bâtiment sur le Mans depuis un an. Je termine ma formation cette année. Je suis membre de plusieurs associations, dont deux particulières qui me tiennent à cœur : le CJA, Comité Jeunes d’Allonnes et l’association AKA.

Le CJA permet d’habiter la ville d’Allonnes en tant que jeune, de faire des actions, comme la soirée « Découverte talents », qui permet de montrer son talent dans n’importe quelle discipline, magie, danse, chant, etc. Le CJA c’est aussi un moment où on peut témoigner de ce qu’on veut changer sur la ville d’Allonnes. On fait de l’autofinancement, et c’est nous qui choisissons ce qu’on en fait. La ville nous donne des subventions mais ça vient aussi de nous. Je suis aussi à fond dans l’association AKA (Allonnes KeffiEH Association), dont je suis vice-Président. Keffieh est un camp de réfugiés en Palestine. L’objet de l’association, c’est d’aider ce camp de réfugiés. Il y a des délégations qui viennent en France pour découvrir la vie française et témoigner de ce qu’ils vivent là-bas, partager des moments conviviaux, des repas qu’on fait partager à toute la communauté d’Allonnes, comme le maklouba, plat traditionnel que tout le monde connaît maintenant à Allonnes. On fait aussi des manifestations. Là-bas, on est connus, quand ils parlent de la France, ils parlent d’Allonnes, ça nous rend joyeux. Tout ce qu’on peut faire pour aider, on le fait. »

 

« Allonnes n’est en aucun cas une ville qui fait peur. On entend beaucoup ça mais Allonnes c’est le bien vivre ensemble, on se connaît tous. Chez nous il n’y a pas de barrière en fonction du quartier d’où tu viens, il n’y a pas de ça chez nous. On construit notre ville tous ensemble. »

 

 

« Pour moi, les pays, c’est comme les métiers, il n’y a pas de sous métiers, et il n’y a pas de sous pays. »

 

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager ?

« J’ai choisi de m’engager parce que pour moi, la paix, c’est signe de bonheur. Pour moi, les pays, c’est comme les métiers, il n’y a pas de sous métiers, et il n’y a pas de sous pays. Pour moi, Israël, c’est un pays, et l’Etat d’Israël, c’est une autre chose. Moi en France, j’aime le peuple français mais je n’adhère pas à tout ce que fait le gouvernement. Et bien là c’est pareil. Ce que j’aime chez eux, c’est le partage, et toujours l’envie de faire des choses, même quand ils sont fatigués. J’ai des amis français, congolais, centre-africains, guinéens, pour moi la mixité c’est le plus grand des atouts. Sans la mixité je ne peux pas vivre. Et c’est aussi ce qui fait la force d’Allonnes. »

 

Vous faites partie d’une génération traversée par des mouvements sociaux très forts, Black Lives Matter, les Marches pour le climat, #MeToo, etc., qu’est-ce que ça vous inspire ? 

« Je ne vais pas mentir, le climat, ce n’est pas que ça m’intéresse pas, c’est que bouger sur quelque chose qui n’avance pas, ça ne m’intéresse pas. Quand les présidents disent : « on va faire ci, on va faire ça », c’est beau, mais il n’y a rien qui change. Dans les associations, on bouge pour du concret, ça aboutit à quelque chose, on sait pourquoi on s’engage. Le réchauffement climatique est déjà en marche et le gouvernement peut faire bouger les choses mais ils ne font rien, ou pas grand-chose. Arrêter les gobelets en plastique c’est une chose de faite, mais je suis allé dans des entreprises qui jettent des tonnes de plastique tous les mois. Et je me demande pourquoi je gouvernement n’agit pas là-dessus s’il veut vraiment faire changer les choses. Sur Black Lives Matter, je suis à fond là-dessus. Je ne comprends pas pourquoi en France quand on est noir on est rejeté. La couleur de peau ça ne veut rien dire. »

 

« On vit dans un monde où le social est important, pour moi la France a été une terre d’accueil et elle n’est plus ce qu’elle était. On est allés chercher du monde pour nous aider et bizarrement aujourd’hui on leur dit de rentrer au pays, je trouve ça inadmissible. »

 

Est-ce qu’il y a des choses qui devraient changer à Allonnes ?

« Sur la place du Mail, ils vont ramener la maison de retraite pour que tout le monde se mélange. Mais il y a des endroits où on pourrait ajouter des hôtels ou d’autres choses pour amener du tourisme. Allonnes ça manque un peu de dynamisme. Il n’y a pas grand-chose à venir voir.  Le CJA ça marche sur des temps forts mais ce n’est pas régulier. C’est calme, ce qui manque c’est plus de mouvement. »

 

Est-ce qu’il y a des personnes qui vous ont inspiré, influencé dans votre parcours ?

« Ma maman m’inspire beaucoup. Elle est élue à la municipalité d’Allonnes. Elle fait beaucoup de choses pour Allonnes et elle a toujours aidé son prochain. Elle est fatiguée mais elle est toujours au taquet, je ne comprends pas où elle trouve cette ressource pour y arriver. Elle est là pour moi. On est six enfants, pour moi la famille c’est très important. J’ai fait plusieurs formations, et j’en ai abandonnées. Elle a accepté que j’arrête parce que ça ne me plaisait pas, et elle a payé pour moi alors qu’elle n’en a pas forcément les moyens. Je donne toute ma reconnaissance à ma mère. »

 

« Arrêter la formation, ce serait donner raison aux gens qui n’acceptent pas mes engagements ou qui n’acceptent pas que je vienne d’Allonnes, et je veux leur prouver que même si je viens d’une cité, ça fait ma force. »

 

Comment avez-vous vécu le confinement et les restrictions actuelles liées à la situation sanitaire ?

« Je ne vais pas mentir, je n’ai pas trop suivi les règles. Pour moi, mentalement, rester isolé, ça ne pouvait pas arranger les choses. Je n’allais pas voir tout Allonnes, mais on se voyait avec 4 potes. On allait dehors juste pour aller d’une maison à une autre. Et ça nous a permis d’échanger nos points de vue et de s’entraider. Ça m’a aussi apporté beaucoup de culture sur l’international. Il y a eu de la communication sur les réseaux sociaux et ça m’a permis de rencontrer des gens à travers la France entière, comme sur Yubo. J’ai rencontré ma copine comme ça, grâce au confinement finalement. J’ai aussi vu que ça se passait différemment ailleurs et je me suis dit que je ne m’ouvrais pas encore suffisamment au monde. »

 

 

Quel serait votre rêve ?

« Pour Allonnes, ce serait qu’on ait une discothèque. Pour moi, ce serait de réussir dans ma vie, de montrer aux autres que je suis capable de faire des choses à travers mon métier même si je n’ai pas encore trouvé ma vocation. L’argent, ce n’est pas un rêve spécialement. Moi je veux prouver que même avec des difficultés, on peut y arriver. Pour la France, ce serait d’avoir un meilleur gouvernement, ne pas avoir de barrières internationales. Il faut des frontières mais il faut faire la part des choses. Il faut aider tout le monde et s’aider soi-même. Il faut arrêter de ne parler que de richesses. Je suis sûr qu’avec un minimum de gentillesse dans tous les pays, on peut faire un monde en un seul pays, je pense qu’on est capables de le faire, ce serait tellement beau. »

 

Propos recueillis par Claire Gadebois

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