Portraits de femmes. Frédérique Effray, mobilisée pour la redynamisation du quartier du Chemin Vert à Saumur

Frédérique, habitante mobilisée pour la redynamisation du quartier du Chemin Vert

Nom : EFFRAY

Prénom : Frédérique

Âge : 45 ans

Quartier : Chemin-Vert, Saumur

Signes distinctifs : Passionnée par les animaux, elle aime parcourir avec son chien l’Allée Verte qui longe le quartier.

Engagements : Ambassadrice de la marche exploratoire des femmes à Saumur, elle est également membre du Conseil Citoyen de quartier.

 

Depuis 21 ans, Frédérique Effray habite et vit au cœur du Chemin Vert, un quartier qu’elle a vu se transformer, au fil des réaménagements urbains.

 

 

 

« C’est un quartier où on peut vivre tranquille, contrairement à ce que certaines personnes pensent. »

 

 

Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre quartier ?

« Je suis Frédérique, j’ai 45 ans et cela fait 21 ans que j’habite le quartier. Mon conjoint est né et vit au Chemin Vert et c’est un quartier où on a tout à proximité. Il y a les écoles, le collège, la pharmacie, le médecin, un petit commerce de proximité. On peut tout faire à pieds, c’est pratique. Il y a plusieurs années, c’est un quartier qui n’avait pas bonne réputation mais ça s’est beaucoup calmé. Nous on n’a jamais eu de problème particulier. C’est un quartier qui a beaucoup évolué puisqu’il y a eu de nombreuses démolitions. De grandes tours ont été détruites, beaucoup de familles sont parties et le quartier s’est vidé. Ça a commencé il y a plusieurs années. Ils ont reconstruit pôle emploi, une garderie et la ludothèque. Tout ça a changé. Il y a moins de familles et c’est un quartier assez calme. »

 

Quel a été le déclic qui vous a donné envie de vous engager dans votre quartier ?

« Quand mes deux aînés étaient en primaire, je me suis engagée en tant que parent d’élève. On faisait des activités avec le Centre social. L’école a fermé, mon dernier est allé à Nantilly, et le Centre a proposé une activité pour apprendre aux enfants à faire du vélo. Mon dernier avait du mal à apprendre, alors je l’ai inscrit au stage et je suis revenue au Centre, qui était devenu le Centre Jacques Percereau. J’ai rencontré Delphine, la Directrice et Elodie. Elles m’ont demandé d’être l’Ambassadrice pour la marche exploratoire des femmes. C’est comme ça que je me suis réinvestie dans la vie du quartier. Les marches exploratoires sont faites pour que les femmes retrouvent leur place dans leur quartier, dans les quartiers dits prioritaires, puisqu’on s’aperçoit que ce sont plus les hommes qui occupent l’espace public. Ce sont des marches avec des femmes qui habitent et/ou qui travaillent sur le quartier. D’abord il y a eu une réunion pour expliquer ce qu’est la marche exploratoire. Après, on a échangé pour savoir où les femmes se sentent en sécurité dans le quartier, moins en sécurité, et pas du tout en sécurité. On a fait une cartographie, puis, la marche, le tour du quartier. On était assez nombreuses. On est un noyau de quatre mais d’autres femmes sont venues. Il y avait des femmes des maisons de retraite aussi, parce qu’il y a des trottoirs qui ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite, ou même aux poussettes. Moi j’en ai retiré un enrichissement, on a mis nos idées en commun, chacune avait son point de vue. Il y a des endroits où moi je disais ne pas me sentir en sécurité, et pour d’autres, il n’y avait pas de danger, donc on a échangé. Pourquoi elles se sentaient bien, et moi, moins en sécurité ? Et c’est vrai qu’on se fait un peu des peurs. Après on a eu une restitution avec le Maire et tous les Élus de quartiers pour voir ce qui était faisable ou pas. Il y a un boulodrome qui était abîmé et qui a été nettoyé, des bancs ont été changés de place, on a demandé la rénovation d’un tunnel qui part des quartiers et qui va sur les rives du Thouet, et qui était insalubre. Il y a eu de nouveaux passages piétons. Je me suis engagée parce que je me suis aperçue qu’on ne voyait plus beaucoup de femmes sur le quartier. C’est vrai que, dû à la destruction des tours, la fermeture de l’école, on ne voit plus de mamans ou de femmes en général, et je trouvais intéressant que les femmes retrouvent leur place. »

 

« Ce serait bien que les femmes reprennent leur place dans le quartier, qu’elles n’aient pas peur de sortir de chez elles. »

 

Pensez-vous qu’être une femme change la donne quand on s’engage sur un territoire ? Votre parole est-elle plus difficile à faire entendre ?

« Non, parce que quand on a eu la rencontre avec les Élus, tout s’est bien passé, on nous a écoutées, et entendues aussi je pense, parce que certaines choses ont été faites sur nos préconisations. Moi je ne ressens pas que ce soit plus difficile mais il y a peut-être des femmes qui n’osent pas sortir de chez elles, arrivée une certaine heure. Qui sont toutes seules. On a peut-être aussi beaucoup de femmes qui viennent de pays étrangers et dont ce n’est pas la coutume de sortir, ce sont plus les maris qui sortent. De temps en temps, on les rencontre aussi, parce que le centre organise des événements 100% femmes. Et je sais qu’elles essayent aussi d’organiser d’autres activités pour que ces femmes puissent rencontrer d’autres personnes. »

 

Nous sortons de deux mois de confinement, quelles ont été les difficultés vécues par les familles dans le quartier du Chemin Vert ?

« Je suis une personne à risque alors j’ai vraiment limité mes contacts à l’extérieur. Je suis restée enfermée, je ne sortais vraiment que quand il fallait sortir le chien, pour limiter. Quand je venais chercher mon pain, il y avait quand même du monde, mais je pense que les gens ont respecté le confinement. Je pense que des personnes ont dû se sentir isolées, seules. Les personnes que je croise depuis me disent que cette période d’enfermement a été pénible. Nous, on est bien situés parce qu’on a l’Allée verte et les bords du Thouet qui étaient dans le kilomètre autorisé. Mais il fallait rester dans le quartier, et c’était ça le plus pénible je pense, ne pas pouvoir aller se promener en-dehors du kilomètre autorisé. »

 

Avez-vous un rêve pour votre quartier et ses habitant·e·s ?

« Je voudrais qu’il y ait plus de vie dans le quartier. Par exemple, on a un marché le vendredi matin, et il a beaucoup rétréci. Il a été changé de place, et avec la destruction des tours, il y a moins de personnes. J’aimerais qu’il y ait plus d’endroits pour les ados, pour qu’ils puissent sortir et se rencontrer. Il y a des choses pour les petits, avec la maison de l’enfance, la ludothèque, et l’île aux enfants. Il y a la SCOOPE pour les 11-18 ans qui organise aussi des choses, mais ce serait bien qu’il y ait plus de choses pour qu’ils puissent être à l’extérieur. »

Propos recueillis par Claire Gadebois

 

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