Portraits de femmes. Raymonde Lavis, toute une vie de quartier à Saint-Malo

Raymonde, toute une vie de quartier…

Nom : LAVIS

Prénom : Raymonde

Âge : 72 ans

Quartier : La Découverte, Saint-Malo

Signes distinctifs : Raymonde n’est pas différente des autres, elle se sent comme tout le monde sauf peut-être dans son caractère… Têtue, elle ne se laisse pas faire !

Engagements : Mère, grand-mère, présidente du comité de quartier.

 

Le destin de Raymonde est inséparable de son quartier La Découverte, à Saint-Malo. C’est là qu’elle est née, qu’elle a grandi, élevé cinq garçons, et vu naître ses petits-enfants. C’est là qu’elle souhaite mourir, aussi. Naturellement, son engagement pour le quartier, elle l’a dans la peau…

 

« La Découverte, on y vit bien. La preuve, ça fait 72 ans que j’habite le quartier. »

 

 

Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre quartier ?

« Mon quartier, j’y suis née. Ça fait 72 ans que j’y vis. Je ne veux pas mourir ailleurs (rires). C’est toute ma vie, La Découverte ! J’ai essayé, j’ai déménagé, mais je suis revenue ici. Les autres quartiers ne me plaisaient pas. Le quartier, je l’ai vu se construire. Avant il n’y avait que des champs. Mes parents sont venus pendant la guerre. Quand je suis née, on habitait à quatre enfants dans une petite maison en bois. Grâce à une assistante sociale, mes parents ont pu avoir un logement plus grand parce qu’un de mes frères avait attrapé la poliomyélite. Je suis toujours restée là. Mes enfants sont allés à l’école ici. Presque tous habitent le quartier, je garde mes petits enfants. Il y a sept ans, le quartier a été rénové. Ils ont démoli des HLM, je suis venue habiter dans une petite maison. Je vis bien ici. C’est un grand quartier, La Découverte, une ville dans la ville. Je ne bougerais pas pour tout l’or du monde. C’est mon quartier, je reste là. C’est dommage que le quartier ait une si mauvaise réputation. La Découverte, on y vit bien. La preuve, ça fait 72 ans que j’habite le quartier. »

 

« Je ne bougerais pas du quartier pour tout l’or du monde. Je suis née ici, je mourrai ici. »

 

Quand avez-vous commencé à donner du temps pour votre quartier ? Quel a été le déclic ?

« J’étais en longue maladie, par rapport à mes accidents de travail en usine. J’ai commencé par faire le point devoir à l’espace Bougainville, le lundi et le jeudi. Après, je me suis engagée dans un groupe qui essayait de remonter le comité de quartier. J’avais du temps, l’entreprise ne pouvait pas me reclasser, il fallait que je m’occupe. Et je souhaitais voir du monde. La mairie avait mis deux jeunes pour s’occuper de la maison de quartier. J’y suis allée pour apprendre à utiliser internet, jouer aux cartes… Je me suis entendu avec les éducateurs et on a organisé des choses. Ils m’ont formée pour m’occuper de la maison de quartier pendant deux ans et ils m’ont laissée une ou deux journées toute seule. Ça ne se fait pas comme ça du jour au lendemain. Ensuite, j’ai monté une équipe. C’est une association, le comité de quartier de la Découverte. Au bureau on est 4, avec une cinquantaine de bénévoles qui viennent pratiquement tous les jours. Cela fait trois-quatre ans qu’on s’occupe de ça. La maison de quartier, c’est vraiment notre petit coin. »

 

 Pensez-vous qu’être une femme change la donne lorsqu’on s’engage sur un territoire ? (Le regard est-il différent ? Faire entendre sa voix est-il plus difficile ?)

Je ne trouve pas. Tout dépend du caractère, et c’est vrai que je ne me laisse pas faire. Mon père m’a toujours dit : ‘’ un sou, c’est un sou ’’. J’ai un patron dans le temps qui ne payait pas mes congés payés et mes heures. Mon père m’a dit : ‘’ tu vas aux Prud’hommes ! ’’J’ai hérité de lui. Comme j’étais souvent toute seule avec mes cinq garçons, puisque mon mari à cette époque-là faisait des déplacements, il fallait bien que j’aie du caractère pour tout le monde.  »

 

Nous sortons de deux mois de confinement, quelles ont été les difficultés vécues par les familles du quartier ?

« Je suis une personne à risque, donc je ne suis pas sortie. J’appelais les gens pour savoir comment ça allait. On a une dame qui a 101 ans ici. L’infirmière passait, ses repas étaient livrés, sa fille veillait sur elle. Les gens allaient bien, mais en avaient marre, surtout ceux qui sont en appartement. Moi j’ai de la chance avec mon jardin. Mes enfants me faisaient les courses. Les habitant·e·s aimeraient bien rejouer aux cartes. On me demande : ’’quand est-ce que tu ouvres, Raymonde ? ‘’. Pas tout de suite, je leur réponds. Ce ne sera pas avant septembre. »

 

Avez-vous un rêve pour votre quartier et ses habitant·e·s ?

« Le comité de quartier recherche des bénévoles intéressés pour s’investir au niveau du bureau ou autre. J’aimerais que beaucoup de monde vienne faire un tour à la maison de quartier, qu’ils voient ce que l’on fait et qu’ils nous donnent leurs idées, leurs envies : un vide-grenier, par exemple, une kermesse… Aussi, ce serait bien que les jeunes fréquentent la maison de quartier, pour voir autre chose que les jeux vidéo. Je veux rester ici, je suis attachée à la Découverte, c’est toute ma vie.»

Propos recueillis par Marie Fidel

 

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