Portraits de seniors. Jean-Marie GOIMARD en quête de tranquillité et de nature | Fontenay-le Comte

Cet ex-gendarme désormais à la retraite a troqué les casernes pour une maison dans le quartier des Moulins. Il y navigue entre son jardin nourricier, ses engagements citoyens, la découverte de la région, et les livres d’Histoire de la Vendée dans lesquels il aime se plonger.

Nom : Goimard

Prénom : Jean-Marie

Âge : 71 ans

Signes distinctifs : a grandi dans une ferme, où il a commencé à jardiner vers 7/8 ans. Aujourd’hui, il pourrait passer sa vie dans son jardin nourricier, à quelques minutes de chez lui

Engagements : Président de l’Association des jardins familiaux de Fontenay-le-Comte, avec laquelle il mène de nombreux projets, membre du conseil des sages, ex-membre du conseil citoyen

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Je suis originaire de Foussais-Payré, à une vingtaine de minutes de Fontenay-le Comte. J’ai grandi dans la ferme de mes parents, où mon père m’a initié très tôt, vers 7-8 ans, au jardinage et au respect de la terre. J’aimais déjà beaucoup son contact, la toucher, la triturer. Après j’ai beaucoup voyagé, parce que j’ai été gendarme toute ma vie. Nous avons, avec ma famille, évolué de casernes en casernes. Juste avant que je ne prenne ma retraite, avec ma femme, nous avons décidé de chercher une maison pour nous poser. C’est un peu le hasard qui nous a amenés dans le quartier des Moulins, même si j’ai grandi tout près donc je connaissais un peu le coin. En 2003, je revenais de mission en Outre-Mer, j’avais trois mois de disponibilité, nous en avons profité pour acheter la maison dans laquelle nous nous sommes installés définitivement en 2006. Progressivement, on a trouvé notre place, et notre nouveau rythme de retraités. De mon côté, je passe énormément de temps à jardiner -trop parfois, dirait ma femme (rires). On l’a oublié parfois mais un jardin peut nourrir une famille ! Tous les matins, je vais nourrir mes trois poules, et en général je file dans mon jardin nourricier, à environ un kilomètre de la maison, au bord de la rivière. Il y a 72 parcelles au total, donc si on veut discuter, on trouve toujours quelqu’un avec qui parler ! Chez moi aussi j’ai un jardin, mais il n’est pas très grand, et installé sur un plateau calcaire, ce n’est pas l’idéal pour faire pousser des plantations. Nous avons aussi la chance de vivre dans une très belle région, alors parfois, nous partons découvrir une forêt, un endroit du bocage vendéen que nous ne connaissons pas… On peut se dépayser facilement sans faire beaucoup de kilomètres !

Quelle vision avez-vous de votre quartier et de son évolution au cours des années ?

Je l’ai presque vu se construire ce quartier ! Je me souviens qu’il n’y avait rien, juste des champs avant que l’usine SKF ne vienne s’installer, et que des tours ne soient construites pour accueillir les ouvriers et les ouvrières qui allaient y travailler. C’était recherché à l’époque, parce que dans les logements, il y avait souvent plus de confort que dans certaines maisons à la campagne ! Ça avait bonne presse, sauf que le travail s’est raréfié, le chômage a augmenté, des personnes sont parties pour aller faire construire leurs maisons, et la réputation a changé pour devenir plus sulfureuse, dans les années 70/80. Ça s’est calmé depuis une vingtaine d’années. Les habitants et les habitantes sont plutôt des personnes retraitées, c’est calme et tranquille. L’une des tours doit d’ailleurs être démolie dans l’année qui vient. Ca va changer le paysage et donc le quartier, mais je crois que c’est pour le mieux. Il faut s’adapter aux demandes de la population. Et puis j’entends encore des personnes parler des Moulins en faisant référence à sa période la plus compliquée, mais moi je voudrais qu’ils se rendent compte qu’au contraire, nous bénéficions d’un très bel environnement.

« Je l’ai presque vu se construire ce quartier !
C’était recherché à l’époque, parce que dans les logements, il y avait souvent plus de confort que dans certaines maisons à la campagne ! »

Comment vous situez-vous dans le quartier ?

Ce que j’aime ici, c’est que le quartier déroule sa vie bien tranquillement. Le centre commercial par exemple est un vrai lieu de rencontres : il y a tout ici, de la supérette à la boucherie en passant par la Poste ou la coiffeuse. Le dentiste n’a pas encore été remplacé, mais une maison de santé a ouvert à côté de la nouvelle pharmacie. La mairie a racheté l’ancienne, pour y installer la maison de quartier où seront proposés des ateliers et des animations, ainsi que les bureaux de l’élue et des équipes en charge du développement des quartiers. Comme j’ai besoin de m’engager et que je préfère donner mon avis plutôt que de râler, parce que les projets menés sans moi ne me conviennent pas, j’ai accepté d’entrer au conseil citoyen. J’ai été sollicité en 2014 : à l’époque, j’étais président de l’association AVF, accueil du nouvel arrivant, et président des jardins familiaux. J’ai démissionné du Conseil depuis, parce que j’ai été déçu de cette instance. J’ai trouvé qu’on nous informait mais que nous n’avions pas de grande marge de décision, qu’on ne nous sollicitait pas assez. Par exemple, en ce qui concerne le réaménagement du quartier, je trouve que le conseil citoyen n’a pas été suffisamment impliqué. Aujourd’hui je participe au conseil des sages, et ça me plait bien parce qu’on travaille avec une école sur un projet d’incitation au respect des gens, de l’environnement. On voudrait fabriquer des panneaux qui pourraient être installés dans la ville pour sensibiliser les habitants de Fontenay-le-Comte et les touristes au fait de ne pas jeter de déchets par terre, à les inciter au respect de la différence, ainsi qu’au respect des lieux de souvenir. Les enfants sont en charge des slogans, et avec la collaboration de l’association, « l’outil en main », nous allons réaliser les panneaux qui seront positionnés en différents lieux « stratégiques » de la ville. Ça fait écho à ma passion pour la terre et le jardinage et à mon rôle de président de l’association des jardins familiaux de Fontenay-le-Comte, qui met à disposition des parcelles de jardins pour les familles.

« J’entends encore des personnes parler des Moulins en faisant référence à sa période la plus compliquée, mais moi je voudrais qu’ils se rendent compte qu’au contraire, nous bénéficions d’un très bel environnement.

Ce que j’aime ici, c’est que le quartier déroule sa vie bien tranquillement. »

Quel serait votre rêve pour vous et votre quartier ?

Je sais que tout le monde n’est pas d’accord avec moi, mais à la place des tours, je voudrais plus de petites maisons, et un secteur de jardins partagés. Mais globalement, le quartier va bien, donc il ne faut pas de grands bouleversements. On a beaucoup d’espaces verts et d’arbres, il faut conserver ça. On pourrait avoir plus de médecins, mais ce n’est pas propre au quartier, on connaît les mêmes difficultés médicales que dans d’autres endroits de l’Hexagone. Pour le moment, la santé est bonne, mais c’est vrai que ça m’interroge pour les années qui viennent. Et pour finir, si j’avais un conseil aux jeunes, je leur dirais de s’investir dans le quartier, de donner leur avis. Je ne veux jeter la pierre à personne, chacun et chacune vit sa vie, mais je vois qu’ils ont des idées à faire entendre. Et c’est normal que nous, les plus anciens ne les ayons pas !

 

Propos recueillis par Clémence Leveau

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