Portraits de jeunes. Zoé PEAUDECERF JÉGO, la soif de demain ! Saint-Brieuc

Passionnée par le social et l’associatif — Quartier La Croix Saint-Lambert — SAINT-BRIEUC

Passionnée, transportée même ! Zoé vibre dans chaque projet qu’elle mène, dans chaque collectif qu’elle intègre. Elle a la soif de vivre une multitude de vies, animée par un crédo : « Faire bouger les choses ». Cette envie de s’engager, Zoé l’a apprise en famille, au cœur de son quartier et de l’association d’éducation populaire Le Cercle. Elle y a cultivé une fibre sociale et un dynamisme communicatif !

Nom : PEAUDECERF

Prénom : Zoé

Âge : 18 ans

Signes distinctifs : J’ai un bon tempérament, quand je veux quelque chose, je l’ai. J’ai très peur de l’échec. Je ne peux pas échouer, c’est impossible dans ma tête !

Engagements et projets : Je suis dans l’association d’éducation populaire Le Cercle depuis bientôt 8 ans, (surtout les activités jeunesse et culture). Et j’ai participé à une Coopérative Jeunesse de services l’année dernière.

Présentation : Peux-tu nous raconter ton histoire, l’endroit où tu as grandi, où tu habites ?

Je suis arrivée quand j’avais 5 ans dans le quartier La Croix Saint-Lambert et depuis que j’ai 10 ans, j’ai intégré l’association d’éducation populaire Le Cercle. Elle travaille sur 3 secteurs : jeunesse, sport et culture. Dans cette association qui est au cœur du quartier, j’ai pu apprendre énormément de choses, via les animations, comme pouvoir m’exprimer à l’oral, faire des voyages, mon baptême de plongée par exemple. Ça m’a sorti du quartier. Depuis que j’ai 10 ans, j’apprends et je grandis dans ce quartier avec cette association, notamment.

« Depuis que j’ai 10 ans, j’apprends et je grandis dans ce quartier avec l’association Le Cercle, notamment. »

 

Qu’est-ce que grandir ici/dans un quartier ? Est-ce qu’il y a une spécificité ? 

Mon quartier est beau, avec sa grande esplanade. Tout le monde se connaît. On nous appelle « QPV » : Quartier Politique de la Ville. J’en ai marre. Je n’ai pas envie d’être étiquetée « QPV », j’ai envie d’être Zoé et que l’on m’entende en tant que Zoé. Les gens pensent qu’un habitant des QPV n’a pas beaucoup de moyens, qu’il est pauvre intellectuellement. Ce n’est pas forcément cela. Il y a une mixité. Si on prend mon exemple : j’ai assez de paires de chaussures, je peux aller à l’école, je suis riche intellectuellement. J’habite dans un QPV, mais j’ai réussi à créer une asso. Je mène le parcours professionnel que je voulais. Il y a autre chose derrière les QPV.

« On nous appelle “QPV”, Quartier Politique de la Ville. J’en ai marre. Je n’ai pas envie d’être étiquetée “QPV”, j’ai envie d’être Zoé et que l’on m’entende en tant que Zoé. »

Projets et engagements : Quels sont tes projets personnels et professionnels, tes engagements ?

L’été dernier, j’ai participé à une coopérative jeunesse de service (CJS) pendant deux mois. C’est un projet entrepreneurial, on nous apprend à créer et gérer une entreprise. Ça m’a appris le marketing, les RH. Ça m’a fait grandir, j’ai appris à monter un dossier de A à Z, à démarcher des clients, à créer des contacts. On avait une prestation avec la Ville que l’on n’avait pas pu terminer. Alors, pourquoi s’arrêter en août ? On a tous été emballés par l’idée de continuer et on a créé une asso d’audiovisuel : Projet Lumière. Dans cette association, je porte un projet d’interviews audios appelé « La parole d’aujourd’hui ». La pandémie a causé de nombreux dommages économiques, sanitaires et sociaux et l’une de ses conséquences néfastes a été le renforcement de l’isolement des personnes âgées notamment en EHPAD. Ça m’a semblé pertinent de recueillir leur parole pour leur permettre d’extérioriser leurs émotions et de faire connaitre aux citoyens les enjeux qui ont façonné l’existence de nos anciens. Sinon, le cœur de mon projet professionnel sera le social. Là, je passe un bac techno STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) option ressources humaines et communication. Et l’année prochaine, je vais en BTS SP3S (Services et prestations des secteurs sanitaire et social).

 

Tu fais partie d’une génération traversée par des mouvements sociaux très forts, Black Lives Matter, les Marches pour le climat, #MeToo, etc., qu’est-ce que ça t’inspire ?

Étant une femme, je suis très investie dans le droit des femmes, je ne comprends même pas pourquoi cela fait encore débat. Comment ça une femme qui fait le même boulot qu’un homme n’a pas le même salaire ? Ce n’est pas normal ! Même le climat, on voit bien qu’il fait beau deux jours, après on a des orages pendant je ne sais combien de temps, ce n’est pas normal ! Il faut qu’on fasse bouger les choses ! Je ne comprends pas qu’il y en ait encore qui se posent la question. Non, il faut faire bouger les choses-là, c’est alarmant !

 

Être jeune en 2021 : Pour toi, qu’est-ce que ça veut dire d’être jeune en 2021 ?

Être jeune en 2021, c’est faire bouger les choses. On a les cartes en main. Il faut juste les prendre et bouger. On est jeunes. C’est nous. C’est notre génération. Et ça, j’ai l’impression que beaucoup de monde commence à le comprendre.

 

Comment as-tu vécu le confinement et les restrictions actuelles liées à la situation sanitaire ?

J’ai adoré le confinement. J’étais chez moi, tranquille, avec ma mère, tout se passait bien. Je regardais des séries, je révisais un peu le bac de français jusqu’à ce qu’il soit annulé. J’ai adoré ! Mais après, cela commençait à devenir lourd. À la fin, j’avais besoin de sortir, de voir des potes. Le confinement de mars ça a été, mais novembre, décembre, j’avais envie de sortir, de faire un resto, de boire des coups, d’aller au cinéma, de m’ouvrir à la culture. On m’a stoppé dans mon élan ! C’est très frustrant. Si je devais donner un mot à ce Covid, c’est celui-ci : « frustrant ». De plus au Lycée, les cours une semaine sur deux, au début, c’était rigolo, mais ensuite cela démotive. Moi qui suis pourtant travailleuse, c’était démotivant. Ça casse, je n’imagine même pas pour les étudiants…

As-tu un rêve, une raison d’espérer pour toi/pour ton quartier et ses habitant·e·s ?

J’ai un très grand rêve, c’est d’avoir une maison en Italie. Dans un petit village, où il fait beau. Peut-être ouvrir une librairie, je n’en sais rien ! Je dessine et je peins alors peut-être vendre mes dessins. J’ai envie de vivre plein de vies ! J’ai envie d’être une femme d’affaires indépendante à New York. J’ai envie d’être une petite libraire en Italie. J’ai envie de vivre avec ma meilleure amie dans une grande maison au Canada. Mais j’ai aussi envie de travailler dans le social en France. J’ai 50 vies dans ma tête. Je ne pourrais pas tout faire, c’est sûr ! Mon rêve c’est d’avoir plein de vies en fait !

Pour mon quartier, j’aimerais qu’il s’ouvre à d’autres quartiers. Montrer aux autres quartiers que nous aussi nous avons des cartes en main, et qu’on peut aussi leur prêter des cartes, peut-être ? Aussi leur dire : « venez, on peut faire bouger les choses ensemble ! ». Enlever cette étiquette de quartier prioritaire. Qu’on parle de La Croix comme un quartier comme les autres et non un quartier prioritaire.

« Être jeune en 2021, c’est faire bouger les choses. On a les cartes en main. Il faut juste les prendre et bouger. »

 

Propos recueillis par Marie Fidel

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