Portraits de sportive. Afaf TABTI, footballeuse première génération | Rennes

Impulsive et sensible, Afaf trouve dans le foot un moyen de se canaliser, adolescente. Et une solide bande de copains, sur le terrain. Après 22 ans de pratique à des niveaux régionaux, Afaf décide de se placer aujourd’hui en bordure du terrain. Avec la promesse de devenir l’encadrante qu’elle aurait rêvé d’avoir, elle qui a grandi au sein de la première génération de footballeuses.

Nom : TABTI

Prénom : Afaf

Âge : 28 ans.

Signes distinctifs : Impulsive et  sensible.

Sport pratiqué : Le football.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis née à Laval, puis je suis arrivée à Rennes où j’ai commencé le foot à l’âge de 6 ans. J’ai grandi jusqu’à mes 12 ans sur le quartier du Blosne. Je suis partie sur Maurepas puis revenue au Blosne. J’habite à La Poterie. J’ai fait un parcours scolaire basique, tout en jouant au foot : école, collège, lycée à Rennes… Ensuite, j’ai pris une voie professionnelle. Initialement, je voulais être agent immobilier. Je suis passionnée d’architecture. J’ai un bon relationnel alors je me suis orientée vers un bac pro vente, mais je suis passée en voie technologique. Je sentais que le cursus scolaire m’embêtait. En parallèle du BTS, j’ai commencé à donner des coups de main pour encadrer les plus jeunes, au foot, les mercredis ou les samedis matin. Cela rentrait dans notre processus de joueur et joueuse. Je jouais au niveau régional et j’accompagnais les tout petits. J’aimais bien l’aspect terrain, l’encadrement, le contact avec les plus jeunes. J’ai passé un premier module dans le foot pour encadrer. J’ai accroché, mais je me suis dit que faire du foot tout le temps allait me lasser. J’ai préféré aller vers quelque chose de plus global. Je me suis orientée vers l’animation que j’ai approfondie en animation sportive. Je pense qu’aujourd’hui ce qui fait qu’on a un statut, c’est le niveau d’études. J’ai passé un Bafa puis un CQP (Certificat de Qualification Professionnelle) Animation de loisir sportif et enfin un double BPJEPS (brevet professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et du Sport) « Animation sociale et activités physiques pour tous ». Je suis arrivée comme stagiaire à l’association Breizh Insertion Sport, dans laquelle j’exerce maintenant comme éducatrice socio-sportive, depuis 2019. Je n’ai pas de regret sur le parcours que j’ai choisi. Cela m’a permis d’apprécier toutes les pratiques au-delà de l’aspect compétition.

Quelle est votre pratique sportive ?

En tant que joueuse, j’ai toujours pratiqué à de grandes fréquences : 3 séances plus les compétitions le weekend, soit une dizaine d’heures par semaine. J’ai essayé d’autres sports, comme le rugby ou la boxe, mais le foot, je n’ai jamais lâché. J’ai joué à Bréquigny pendant longtemps. Je suis partie jouer à Saint-Malo et quand je suis revenue sur Rennes, j’ai joué pendant 6 mois dans un club appelé La Gacilly. J’ai fini mon parcours de joueuse à l’AS Saint-Jacques, toujours à des niveaux régionaux. J’ai arrêté cette année. Je suis entrée en formation d’entraîneur professionnel pour encadrer des équipes. La charge de travail demandée ne me permet pas d’être joueuse. En plus de mon travail à Breizh Insertion Sport, je suis bénévole dans l’association La tour d’Auvergne de Rennes, depuis 6 ans. Depuis 4 ans, j’encadre une équipe de garçons, cette année les U14. Voilà pourquoi j’ai arrêté d’être joueuse. Dans le cadre du travail, je n’ai pas complètement abandonné la pratique. On ouvre des temps ponctuels sur le foot en salle, par exemple. On peut faire du badminton, une multitude de sports différents. Mais en tant que pratiquante, l’aspect compétition me manque.

Que représente le sport pour vous ?

Si j’ai développé un vrai amour pour le foot, c’est parce qu’il est accessible à tout le monde : garçons, filles, grands, gros, maigres, petits, moches, pas moches… Dès que l’on sait courir derrière un ballon, aujourd’hui, on peut faire plein de choses. Il y a une multitude de façons de jouer. Le socle d’amis que j’ai construit partage cette pratique. Personnellement, j’allais au foot parce que j’aimais courir derrière le ballon. Cela me procurait du bien-être. Je n’aime pas courir pour courir. Les sports sont beaucoup liés aux personnalités. Je suis très impulsive avec un fort émotionnel. Il y a des règles que l’on doit respecter, avec des sanctions. Cela me permettait de me canaliser, de trouver un sens. Et j’ai aimé le côté stratège. C’est ce que je retrouve dans l’encadrement : la recherche du bien-faire pour gagner.

« Quand je jouais, c’était pour gagner. Maintenant je cherche à me sentir bien dans un groupe. »

C’est pour cela que je ne me vois pas vivre sans le foot aujourd’hui. Dans mon métier, je vais chercher des jeunes pour les amener au sport parce que j’ai envie qu’ils vivent des émotions positives. On utilise le sport comme un vecteur social, émotionnel et de bien-être personnel. On peut apprendre tant de choses en gagnant et en perdant. Un sport collectif est un lieu de rencontres. Depuis 5 ans, mes choix de club de foot vont dans ce sens humain. Le côté relationnel est important. Ce qui n’était pas le cas avant. Quand je jouais, c’était pour gagner. Maintenant, je cherche à me sentir bien dans un groupe.

À l’avenir, quelles évolutions liées au sport aimeriez-vous voir se développer ?

Aujourd’hui, il y a de grandes chances que je ne rechausse plus de crampons. J’ai mis du temps à accepter cette « retraite sportive », parce que c’est 22 ans de pratique, avec des hauts et des bas… Quand les filles commençaient à jouer, à mon époque, je me situais dans les bonnes joueuses. J’ai souvent été la seule fille de l’équipe avec les garçons, jusqu’à l’âge où la mixité s’arrête. À partir de 15 ans, on rejoint les filles. Cela m’a déstabilisée. Le niveau n’était pas top. J’avais une approche très brute, très compétition et certaines filles ne partageaient pas cette envie-là en jouant. Cela m’a appris à développer d’autres aspects du jeu. Mais mon caractère m’a fait défaut. J’étais impulsive et je ne rentrais pas dans le cadre. Souvent, on associe les jeunes de quartier à cela. C’est pour cela que je veux être une excellente encadrante, pour permettre aux jeunes de ne pas avoir de regret. Moi, je ne suis pas allée au bout des choses. J’aurais voulu passer un cap sportif et toucher le très haut niveau. J’aimerais donner aux jeunes que j’encadre la possibilité de vivre les choses différemment.

« Pour moi, la mixité permet d’évoluer. Les différentes sensibilités peuvent s’apporter beaucoup. »

Ma génération a été le premier point d’appui pour faire émerger la pratique actuelle des filles. Il y a beaucoup plus de moyens pour qu’elles puissent évoluer en club, bénéficier d’encadrants diplômés qui ont envie d’être là. Je pense qu’un levier fort pour que les choses s’ouvrent est que le club phare de la ville ait une section féminine. C’est le cas aujourd’hui à Rennes. Cela donne un modèle pour les plus petits clubs.

Les mentalités des filles changent. Je le vois, je le vis, pas uniquement dans la pratique. Elles veulent de moins en moins se mélanger aux garçons. Pour moi, la mixité permet d’évoluer. Les différentes sensibilités peuvent s’apporter beaucoup. Arrêter la mixité à 15 ans est dommage. Même si morphologiquement, les corps changent, je suis convaincue que l’on peut mettre des choses en place pour que la mixité reste, jusqu’à 16, 17 ans.

Propos recueillis par Marie Fidel

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