Portraits de sportif. Aïmen LARABA, joueur de champ instinctif | Lanester

Aïmen a 5 ans quand il trouve sa place de joueur de champ, lors d’un premier tournoi à Lanester. S’ouvrent à lui les joies d’un sport collectif et instinctif. Cet esprit d’enfant l’a motivé à pousser le ballon loin devant, sans jamais perdre le sens du travail et la lucidité de construire sa vie en parallèle. Aujourd’hui en parcours semi-pro, jamais Aïmen ne lâche ce moteur : le plaisir de jouer et de partager les valeurs du sport avec les enfants de son quartier.

Nom : LARABA

Prénom : Aïmen

Âge : 25 ans.

Signes distinctifs : Son sérieux. Et son caractère sportif. Ses amis, son entourage au quartier le connaissent tous pour le foot.

Sport pratiqué : Le football.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis né à Lorient. J’ai grandi à Kesler-Devillers, à Lanester. C’est un quartier multiculturel, de partage, de joie. On y trouve tous types de nationalités qui grandissent ensemble. Cela nous a permis de nous connaître les uns les autres. Quand j’avais 5 ans, mon père m’a amené ici, au stade, et m’a inscrit à l’AS Lanester. Au départ, je ne connaissais pas trop le foot. On m’a demandé à quel poste je voulais être. J’ai désigné le seul maillot noir parmi les t-shirts rouges, celui de gardien. On m’a donné des gants. Le tournoi a commencé et j’ai laissé passer tous les ballons. Buts sur buts. Un des entraîneurs m’a proposé d’aller sur le terrain comme joueur de champ. Changement de maillot, et me voilà attaquant. On jouait contre le Football Club de Lorient (FCL) et j’ai mis trois buts. Il y avait mon père, mes oncles, ma maman. C’est parti de là. Je n’ai jamais lâché le foot. Je ne sortais pas du city-stade en bas de chez nous, durant de nombreuses années. J’ai été repéré et j’ai intégré le FCL. J’avais 12 ans. Je suis arrivé en pré-formation en classe de 4e. J’ai changé de collège pour aller à Lorient en sport-études, avec des horaires adaptés aux entraînements.

« J’ai grandi à Kesler-Devillers, à Lanester. C’est un quartier multiculturel, de partage, de joie.. »

Au lycée, j’ai suivi un cursus STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable). J’avais pour objectif de déboucher sur un diplôme d’ingénieur. Je devais intégrer une classe préparatoire aux grandes écoles, mais j’ai renoncé, car cela ne me permettait pas de m’entraîner. Je suis allé en fac de sciences de l’ingénieur à Lorient. Mais j’étais plus axé sur le sportif à ce moment-là. L’année d’après, j’ai signé en Espagne. J’avais 19 ans. En revenant, je me suis dit qu’il était essentiel de valider quelque chose au niveau scolaire. J’avais de bonnes capacités à l’école, je ne voulais pas rater ça. J’ai obtenu un BTS Assurance à Lorient et j’ai enchaîné sur une licence Assurance-Banque-Finance. Je suis tranquille sur ce point-là. Mes parents m’ont transmis ces valeurs de travail, sérieux, respect. Ils sont venus d’Algérie. Ils savent ce que c’est. Mon père a trimé pour arriver ici. Cela m’a donné plus de motivation pour réussir. C’est important, car une carrière de footballeur ne dure pas longtemps. Cela assure une sécurité en cas de blessure ou d’envie de changer de métier.

Quelle est votre pratique sportive ?

Depuis 2021, je ne vis que du foot. J’ai passé 6 ans à Lorient avant d’arriver à la catégorie senior. J’ai ensuite pas mal bougé. J’ai intégré durant un an l’US Montagnarde, le club d’Inzinzac-Lochrist. Puis un agent m’a repéré. J’ai signé et je suis allé en Espagne. J’ai eu des soucis extrasportifs alors j’ai dû rentrer. Mais ce fut une très belle année, du point de vue culturel, linguistique, sportif. Je suis revenu à la Montagnarde, puis j’ai signé à la GSI Pontivy, deux saisons tronquées par le Covid puis je me suis fait repérer par l’US Saint-Malo en national 2. Cette année, je suis redescendu d’un niveau. Je suis en national 3, qui correspond à la 5e division, dans le club Saint-Colomban Locminé. On a trois entraînements par semaine plus le match le samedi. J’ai pris également un préparateur physique avec lequel je rajoute au moins une séance en salle par semaine. Je suis plutôt un joueur offensif, de par mon gabarit. Plus je touche le ballon, plus je me sens à l’aise. Mon rôle est dans les derniers gestes, soit la passe décisive, soit le tir.

 

Que représente le sport pour vous ?

Ma définition du foot, c’est du pur instinct. Quand on est petit, on est naïf, les gestes arrivent sur le moment. En grandissant, le jeu devient plus tactique, technique, on réfléchit, on anticipe. Mais l’instinct doit rester. C’est important, car c’est là que je prends du plaisir. Le jour où je n’en ressentirai plus, j’arrêterai. Quand je suis sur un terrain, je ne pense qu’au football et à rien d’autre. Même si je le pratique à deux mètres de mes problèmes, le fait de jouer m’évade l’esprit. On a une vie à côté, parfois des soucis. Le foot me permet de prendre soin de mon corps et de ma tête, de rester en bonne santé. Le corps est notre outil de travail. Pour atteindre de bonnes performances, il faut prendre soin de soi. Côté collectif, cela procure la joie d’être ensemble, en équipe. Sur le terrain, on devient des frères. Il faut se battre les uns pour les autres. Avec mes amis, quand on était enfants, tous les dimanches, on jouait en bas de chez nous. Les petits de mon quartier, ça les motive. J’ai moins de temps avec les entraînements, mais j’essaie de jouer avec eux.

« Sur le terrain, on devient des frères. »

 

À l’avenir, quelles évolutions sportives aimeriez-vous voir se développer, pour vous, votre quartier, ou de manière plus générale  ?

La réussite dans le foot n’est pas une science exacte. Il y a une histoire de niveau, mais aussi le facteur chance : être au bon endroit au bon moment avec les bonnes personnes. Si le coach a besoin d’un défenseur à ce moment-là et pas d’un attaquant, cela entre en compte. Pour se donner les chances de réussir, il faut être sérieux, travailler. Il faut rester lucide, construire notre vie et notre avenir. J’ai une sécurité au niveau des études. Si je peux aller le plus haut possible, j’irai. Mais je sais que j’ai 25 ans. Il faut aussi se préparer aux échecs, parce que la vie, ce n’est pas que le foot.

« Il faut rester lucide, construire notre vie et notre avenir. »

Dans le quartier, j’aimerais qu’on inculque davantage cet esprit sportif. Quand j’étais petit, les éducateurs organisaient des évènements sportifs de handball, de hockey. Ça s’est estompé. La société décroche un peu du sport, avec les réseaux sociaux… Les plus jeunes semblent plutôt attirés par l’argent. Quand je parle avec eux, je sens qu’ils sont un peu incompris, ils restent dans leur bulle. Il faut aller les chercher, discuter avec eux même si ça force un peu. Organiser plus d’événements sportifs, jouer tous ensemble serait une bonne chose.

Propos recueillis par Marie Fidel

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