Portraits de seniors. Pierre LIARD, l’ADN de l’engagement | La Roche-sur-Yon

Bien installé dans sa maison, Pierre Liard articule engagements citoyens, famille et voyages. Cet ancien directeur régional d’une fédération d’associations de services à la personne, père de trois filles, est très attaché à son quartier de la Garenne, à la Roche-sur-Yon. Au point qu’avec sa femme, ils participent à la réflexion sur le projet d’habitat intergénérationnel en cours d’élaboration sur le quartier.

NOM : Liard

Prénom : Pierre

Âge : 74 ans

Signe distinctif : un fourgon bien équipé pour partir en vadrouille n’importe quand, en France et en Europe !

Engagements : Conseil des sages, bénévole chez ECTI Vendée (Entreprises, Collectivités Territoriales, Insertion) – Association de seniors experts bénévoles

 

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

J’habite le quartier de La Garenne – Pyramides depuis 42 ans. Nous avons acheté ce qui était alors une vieille masure de cheminot, avec ma femme, l’avons rasée, puis avons fait construire la maison dans laquelle nous vivons toujours. Fils d’agriculteur, je suis issu du bocage nord Vendéen, où j’ai grandi avec mes sept frères et sœurs. J’aurais pu travailler sur l’exploitation agricole, mais j’ai bifurqué dans le secteur de la formation. Pendant 10 ans, j’ai accompagné des adultes de 18 à 35 ans, qui souhaitaient se reconvertir ou se former dans le domaine para-agricole. J’ai adoré cette période : certes, nous déménagions en fonction des centres de formation où j’intervenais, mais dans chacun nous partagions les vies scolaires et extrascolaires avec les étudiants, et il y avait un vrai brassage de générations. Et puis au début des années 80, on m’a proposé de prendre la tête d’une fédération départementale d’associations de services à la personne, l’ADMR. L’ambition était de défendre une véritable professionnalisation des services et soins à domicile. Et d’ailleurs si j’avais un regret, c’est qu’au travers de mes différents postes, jusqu’à la direction régionale, je n’ai pu voir aboutir totalement ce combat. C’est quand j’ai pris ces nouvelles fonctions que nous avons emménagé à la Roche-sur-Yon, parce qu’avec 110 associations concernées à l’époque, il valait mieux que j’habite dans le chef-lieu de département : trois soirs par semaine, je prenais la route pour me rendre dans ces structures. De toute façon, ma femme et mes trois filles préféraient habiter en ville, et avec le recul, je peux dire que ce choix était le bon ! Mes filles ont mené toutes leurs activités sportives ou scolaires à pied ou à vélo, et c’est pareil pour nous aujourd’hui, c’est quand même très pratique.

Quelle vision avez-vous de votre quartier et de son évolution au cours des années ?

Notre rue est un trait d’union entre le centre-ville et les premiers immeubles du quartier de la Garenne. J’ai le sentiment que c’est très riche d’être aussi bien à deux pas de notre quartier de proximité, qui est très divers, que du centre. Ce qui a évolué, à mon sens, c’est notamment le centre commercial tout près de la maison : quand nous sommes arrivés, il y avait une grande diversité de services. Aujourd’hui, nous n’avons plus le niveau d’équipements d’il y a 40 ans. Par exemple, il n’y a plus de médecins, ni d’infirmières, parce qu’ils ont déménagé dans d’autres locaux, plus loin. Or ces professionnel.les étaient très implanté.es dans le quartier, connaissaient bien les habitantes et les habitants. La mairie œuvre pour qu’il en revienne mais ce n’est pas évident. Autre exemple : au mois de juillet, nous n’avons plus de boulangers, ils sont tous fermés. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes démunis pour autant, mais la tendance n’est pas au florissement. La population du quartier a elle aussi beaucoup changé. Majoritairement issue de l’exode rural quand nous sommes arrivés, elle est plus diversifiée aujourd’hui, sur tous les plans. Plus de 40 nationalités sont représentées ! C’est riche en termes de brassage des cultures, mais cela a peut-être aussi un impact sur le fait qu’il y ait beaucoup de turnover dans les habitats collectifs. Avec ma femme, nous avons la préoccupation de bien vieillir. Or le cadre urbanistique est important, mais le cadre humain est essentiel. Dans la rue, une fête des voisins est organisée chaque année, cela nous a permis d’approfondir nos liens avec les voisins, c’est très agréable d’être dans une rue où on est en confiance et en sécurité. On peut se projeter et se dire qu’on peut vieillir ici.

« La population du quartier a elle aussi beaucoup changé. Majoritairement issue de l’exode rural quand nous sommes arrivés, elle est plus diversifiée aujourd’hui, sur tous les plans. Plus de 40 nationalités sont représentées »

Comment vous situez-vous dans le quartier ?

Dans ma famille, mon grand-père était conseiller municipal et mon père était adjoint au maire, autant dire que l’intérêt général et le bien public font partie de notre ADN ! J’ai d’ailleurs aussi été adjoint pendant mes années à la Guyonnière, près de Montaigu. Mais quand je suis devenu cadre associatif, c’est devenu plus compliqué de trouver du temps pour tout faire. Alors j’ai recommencé dès que j’ai été à la retraite ! C’est très important pour moi d’avoir une utilité sociale, c’est ce qui donne du sens à notre vie. J’ai continué dans la lignée de mes engagements professionnels, par exemple en devenant bénévole à la Fondation de France, où, pendant 8 ans, j’ai participé à des jurys d’attribution des aides. J’ai aussi été administrateur de ma caisse de retraite et mutuelle, une structure paritaire et non lucrative. J’étudiais des dossiers dans le cas de soucis de santé par exemple, et à plusieurs, on décidait d’octroyer des financements complémentaires ou non. Et un moment j’ai souhaité recentrer mon action sur le local, et je me suis engagé dans une association de séniors qui partagent leurs compétences, ECTI Vendée. Nous sommes une vingtaine d’anciens cadres dirigeants, tous secteurs d’activités confondus, et nous mettons nos connaissances au service de petites structures qui n’ont pas les moyens de se payer des consultants. J’ai fait du tutorat dans une école, mené des projets d’insertion au numérique pour des séniors… C’est très varié, et souvent nous avançons en binôme, ce qui est très riche. Enfin, il y a 6 ans, j’ai croisé une élue de la Roche dans la rue, et elle m’a proposé d’intégrer le Conseil des sages ! J’y ai beaucoup travaillé sur une thématique qui nous avait été donnée par lettre de mission : faire de notre commune une ville amie des aîné.es. Nous avons eu à cœur de démontrer que les seniors ne sont pas que des gens qu’il faut prendre en charge, ils ont beaucoup à apporter ! Nous avons aussi travaillé sur l’habitat intergénérationnel, nous en avons visité, et, désormais, un projet est en cours de gestation tout près de chez nous.

Quel serait votre rêve pour vous et votre quartier ?

Si j’avais une baguette magique, j’aimerais qu’il y ait plus de professionnel.les de santé, et puis je reverdirais le quartier. C’est assez minéral autour de chez nous. Nous, nous pouvons compenser avec le jardin, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Et j’aimerais aussi que soient améliorées les voies de circulation douces. Dans notre rue, un nouveau paradigme a été mis en œuvre, qui est allé de pair avec la suppression des trottoirs : les priorités ont été inversées. La priorité va d’abord aux piétons, puis aux cyclistes et enfin aux voitures. Cela revient à admettre que la priorité revient aux plus fragiles, parce que les plus forts s’en sortent de toute façon tout le temps. Ça fonctionne très bien !

« Si j’avais une baguette magique, j’aimerais qu’il y ait plus de professionnel.les de santé, et puis je reverdirais le quartier. »

 

Propos recueillis par Clémence Leveau

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