Portraits de jeunes. Joseph LUSALUSU, le droit chemin | Rennes

Féru de droit et de sport — Quartier Bréquigny — RENNES

Responsable. Voilà un mot qui correspond parfaitement à Joseph, jeune homme de 16 ans sérieux et discret. Concentré sur son avenir, il s’imagine plus tard évoluer dans le domaine du droit, sans lâcher le sport. Deux passions qui ont en commun la discipline et l équité. Car ce que recherche Joseph, au fond, c’est donner le meilleur de lui-même pour avancer. Lui qui a déjà parcouru un si grand chemin depuis son Congo natal, le voilà toujours toujours prêt à relever de nouveaux défis. 

Nom : LUSALUSU

Prénom : Joseph

Âge : 16 ans.

Signes distinctifs : Je suis très calme. J’aime être très discret, ne pas me faire trop remarquer. Je suis là, tout en n’étant pas là.

Engagements et projets : Le droit m’attire. Quand je vois cette atmosphère, la défense, les personnes accusées, l’implication des juges, des avocats et des procureurs, cela motive, comme un défi.

« Au judo, on doit traiter chacun comme son égal. Il n’y a aucune différence, peu importe ta couleur de peau ou tes origines. Cela nous montre que ce n’est pas difficile de s’entendre et de s’entraider. »

 

Présentation : Peux-tu nous raconter ton histoire, l’endroit où tu as grandi, où tu habites ?

Je m’appelle Joseph, j’ai 16 ans. Je suis né en République Démocratique du Congo, précisément à Kinshasa, la capitale. Je suis arrivé en France il y a trois ans environ. Actuellement, je suis scolarisé au Lycée Charles Tillon, en seconde. Avant, j’étais au collège Les Chalets. C’est là que tout a commencé. J’ai essayé de m’intégrer dans les associations comme le cercle Paul Bert, où j’ai débuté avec la natation puis je me suis engagé dans le judo. J’ai trouvé que ce quartier était beau, ordonné. Les constructions sont différentes de celles de mon pays où les grands immeubles se concentrent plutôt dans le centre-ville qu’en périphérie. C’est ce qui m’a étonné et le mode de vie, également. L’intégration a été plutôt facile.

J’ai de nombreux souvenirs de mon pays. L’atmosphère est très bonne à Kinshasa. Ici, mes souvenirs, je les construis petit à petit. Au fur et à mesure, je me suis habitué. Et je trouve que c’est bien. Beaucoup de personnes ont souvent l’impression que je suis né ici, à ma façon de parler et surtout de me comporter. Parfois, moi-même je ne comprends pas, mais pour eux je suis une personne très responsable. J’ai toujours été comme ça. C’est dû à ma famille, mon éducation.

«  Ici, mes souvenirs, je les construis petit à petit. »

Projets et engagements : Quels sont tes projets personnels et professionnels ? Es-tu impliquée/engagée dans ton quartier ou ailleurs ?

Je suis en seconde et je passe en première. Je suis en Gestion-Administration. Mon but est de poursuivre mes études jusqu’à l’université et ensuite m’initier dans le monde du droit, de continuer à évoluer. Pour l’instant, je me vois dans la place de l’avocat. Plus particulièrement dans le droit pénal. Et ensuite, je crois que je me rajouterai peut-être un nouveau défi. Mais je ne sais pas encore. Je pense rester en France. Je me vois aussi grand sportif. Le judo me permet de renforcer ma confiance en soi. Il nous apprend le travail d’équipe, à collaborer, avoir confiance en ses partenaires. Cela va faire un an que je n’ai pas fait de judo vu que nous sommes en pleine pandémie mondiale. J’espère que cela va reprendre. J’ai hâte. Le sport fait partie de ma passion. Quand on est au judo, cela ressemble à un camp militaire. Il y a la discipline. On doit traiter chacun comme son égal. Il n’y a aucune différence, peu importe ta couleur de peau ou tes origines. Cela nous montre que ce n’est pas difficile de s’entendre et de s’entraider. On aide les débutants à prendre confiance en eux. Au judo, on doit traiter chacun comme son égal.

 

Être jeune en 2021 : Pour toi, qu’est-ce que ça veut dire d’être jeune en 2021 ? Comment te sens-tu, comment vis-tu la crise sanitaire ?

Être jeune pour moi, en 2021, cela veut dire avoir confiance en soi, se respecter soi-même et respecter les autres. Aujourd’hui, je trouve que la jeunesse est un peu en train de déraper. L’augmentation des choses illégales, les crimes… On s’écarte du droit chemin. C’est décevant parce qu’on est censés penser à notre avenir, aux personnes qui nous entourent aussi. Il faut se retrousser les manches, mieux choisir ses fréquentations, et cela changera. La crise m’a paru difficile au niveau scolaire. À la maison, on est rempli de distractions. On n’a pas les mêmes règles qu’au collège et au lycée, par exemple comme éteindre nos portables. C’était difficile de rester cloitrés, de suivre les cours. Ce qui était choquant, c’est quand on regardait à l’extérieur, de voir à quel point c’était vide. Comme dans un monde post-apocalyptique. On doit surveiller chaque mouvement, avec les gestes barrière. Si on a un doute, il faut se faire tester. Peut-être que l’effet du vaccin apportera un plus. Mais grâce à la nouvelle technologie, on a pu rester en lien avec les amis. Au Congo, c’est encore plus difficile d’étudier, car tout le monde n’a pas le même accès à internet donc quand les cours en présentiel s’arrêtent, les études s’arrêtent.

«  On devra abandonner beaucoup de choses pour revenir à un monde plus naturel. »

Tu fais partie d’une génération traversée par des mouvements sociaux très forts, Black Lives Matter, les Marches pour le climat, #MeToo, etc., qu’est-ce que ça t’inspire ?

On est tous concernés par l’écologie. Si l’on a envie d’un monde un peu plus vert, on doit faire un effort, par exemple trier nos déchets, diminuer la consommation d’énergie et trouver un vrai moyen d’arrêter de trop consommer. Je crois que cela va prendre plusieurs années, peut-être même des décennies, car cela fait très longtemps, depuis la révolution industrielle que nous avons commencé à polluer la planète. On devra abandonner beaucoup de choses pour revenir à un monde plus naturel. Concernant les mouvements contre le racisme, contre les violences, on est quand même en 2021… Normalement ces choses étaient censées disparaître depuis longtemps. Je pense qu’on doit continuer à en parler. Cela permettra à beaucoup de personnes de se rendre compte que ce n’est pas bien.

 

As-tu un rêve, une raison d’espérer pour toi/pour les autres ? Est-ce qu’il y a des choses qui devraient changer  ?

Que tous travaillent main dans la main. Arrêter les guerres. Le compromis. Limiter le racisme. S’entraider, rénover les bâtiments, faire avancer l’économie de chaque pays. Au lieu d’être séparés, s’unir un peu plus, et cela permettra de diminuer la consommation et la pollution. Je crois que c’est pour cela que je m’engage dans le droit. J’aimerais dire aux autres de se ressaisir. Avec un peu d’espoir, tout est possible. Tant qu’on n’abandonne pas et qu’on se relève, comme un bébé qui trébuche, pleure, mais se relève et continue à sourire. Cette force me vient de mes parents, de mes sœurs aussi. Ma maman m’a transmis une sagesse. Elle m’aide toujours à me relever et aller de l’avant, quel que soit le nombre de fois où je tombe. Elle me dit de regarder l’avenir parce qu’un jour ce sera à moi de transmettre cette force à ma petite sœur.

Propos recueillis par Marie Fidel

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