Portraits de jeunes. Feriel FATHI, la chimie au service du médical, l’engagement au service de la jeunesse | Saumur

En s’installant dans les Hauts Quartiers à Saumur à l’âge de 13 ans, Feriel Bahidja découvre la Scoope, association d’éducation populaire qui propose aux adolescents de multiples activités favorisant le développement de chaque personne dans le respect des autres. Forte de cet ancrage, Feriel Bahidja défend une vision multiculturelle de la France, dans laquelle elle souhaite que les jeunes soient davantage soutenus dans leurs parcours scolaires.

Nom : FATHI

Prénom : Feriel

Âge : 21 ans

Signes distinctifs : Passionnée par les langues, dont la pratique la détend, elle parlait couramment le français et l’arabe littéraire à 5 ans, et l’anglais à 9 ans.

Projets : Elle souhaite participer au développement d’une nanotechnologie médicale permettant de détecter et de prévenir les situations à risque chez les patients, afin que ceux-ci soient rapidement pris en charge par les soignants.

 

Pouvez-vous vous présenter ? Quel a été votre parcours et quels sont vos projets ?

Je m’appelle Feriel Fathi, j’ai 21 ans. Actuellement, je suis étudiante à la Faculté d’Angers, dans le département de Physique Chimie, spécialité Chimie médicaments, et je compte continuer en Master nanosciences, nanotechnologies. J’ai développé une passion pour tout ce qui est médicament et nano médecine. J’ai une formation en marketing digital et j’ai aussi fait un diplôme BAFA dans l’animation. Le stage BAFA, je l’ai fait à la Scoope de Saumur. Ils m’ont acceptée parce que j’y ai passé presque toute mon adolescence, de mes 13 ans à mes 18 ans. J’y ai rencontré la plupart de mes amis, je me suis bien entendue avec les animateurs. L’animation m’a permis de découvrir un autre domaine, et c’est très intéressant. À chaque fois que j’ai envie de faire une pause, de changer de l’ambiance de laboratoire, j’y vais, j’anime, ça me détend, je fais quelque chose de bien. Ça fait deux ans que je me pose des questions pour devenir entrepreneure, et pour ça, il fallait trouver un besoin. Une de mes tantes a fait un AVC et heureusement, ses enfants étaient à la maison. À ce moment-là, je me suis dit : « Il y a beaucoup de personnes qui meurent chez elles sans qu’on s’en rende compte, alors qu’on peut secourir, on peut faire en sorte que moins de personnes soient en risque chez elles ». Il y a un certain pourcentage de médicaments produits de nos jours qui contiennent des nanopuces. Quand le patient prend son médicament, les nanoparticules vont se déplacer dans le corps, détecter le problème pour le réparer. Moi je voudrais le faire, pas pour guérir mais pour prévenir.

« Au lycée, on m’a dit de faire quelque chose de facile, un diplôme de technicien. C’est bien mais je visais plus les emplois de cadre qui sont plus intéressants. Si je prends un emploi de technicien, à quel moment je vais sortir de ma classe sociale ? Je veux faire plus que ce que mes parents ont fait. »

 

Pour vous qu’est-ce que ça veut dire d’être jeune en 2021 ?

Pour moi être jeune actuellement, c’est la vie d’étudiante que je vis, avec mes cours, mes amis. C’est cette dynamique. L’adolescence est une période très importante, on apprend à se connaître. Il y a des personnes qui sont brillantes mais qui sont timides. Moi j’ai rencontré des adultes que je considérais comme des exemples, et j’ai été déçue. J’ai connu des professeurs, des chefs d’établissement, qui m’ont un peu découragée. Au lycée, mon but était de devenir cardiologue. Des profs m’ont dit que je n’étais pas faite pour la science. D’autres m’ont dit que si je prenais la filière scientifique, je n’aurais pas mon bac. Et ça m’a découragée et motivée en même temps. Ça m’a poussée à vouloir prendre la filière scientifique juste pour voir leur tête quand je serai acceptée. Quand je suis allée récupérer mon diplôme du bac, j’ai regardé le professeur dans les yeux pour lui dire que je l’avais eu avec mention et que j’avais été acceptée dans 3 facultés de médecine.

« Il ne faut pas prédire l’avenir des autres, il ne faut pas décourager. Parfois, on n’a pas tous les atouts pour s’envoler, mais ce n’est pas une raison pour couper les ailes des petits. »

Vous faites partie d’une génération traversée par des mouvements sociaux très forts, Black Lives Matter, les Marches pour le climat, #MeToo, etc., qu’est-ce que ça vous inspire ? 

Ce changement est normal, c’est parce que les médias se sont développés. Les réseaux sociaux font circuler l’information beaucoup plus vite. C’est très intéressant parce que beaucoup plus de personnes sont touchées à travers le monde. Mais c’est triste aussi parce qu’il y a des événements qui font beaucoup plus de « vus » que les choses vraiment intéressantes. Une personne qui va faire une vidéo pour sensibiliser les gens par-rapport au climat, à l’égalité hommes-femmes ou aux quartiers défavorisés, elle peut atteindre 2 millions de « vus », c’est bien, mais à côté on peut avoir une vidéo d’humour qui peut avoir 50 millions de « vus », c’est drôle, mais ça aurait été mieux si elle avait partagé des informations importantes. On ne fait pas attention, on ne se rend pas compte à quel point notre jugement peut influencer les autres.

« Moi j’aimerais une application correcte de la devise « Liberté, Egalité, Fraternité ». Il y a beaucoup de choses bien, qui sont dans la loi, mais qui ne sont pas toujours bien appliquées, par des gens qui n’ont pas la vision que nos différences font notre union. » 

 

Est-ce que vous pouvez me parler du quartier dans lequel vous habitez ? 

J’habite à Saumur depuis 2013, dans les Hauts-Quartiers, depuis mes 13 ans. Je suis arrivée au printemps, il y avait du soleil, des fleurs, c’était joli. Je me suis vite mise à participer à des animations, à rencontrer des personnes, à me faire des amis. Je ne pense pas que je pourrais vivre dans un autre quartier à Saumur, je me suis vraiment attachée.

 

Est-ce qu’il y a des choses qui devraient changer dans votre quartier ?

Pour les Hauts-Quartiers, ce serait mieux qu’ils remettent le Centre de loisirs, pour l’aide aux devoirs. C’étaient d’anciens professeurs à la retraite qui aidaient les jeunes et c’était très bien. Actuellement, il est fermé et je trouve ça triste parce qu’il y a beaucoup de jeunes que je connais qui disent qu’ils ne veulent pas faire de hautes études parce qu’ils pensent qu’ils ne vont pas réussir. J’ai des liens avec des jeunes qui sont aussi mes voisins. Ils sont super intelligents mais ils n’ont pas confiance en eux, ils ont besoin de quelqu’un pour les rassurer, ils pensent qu’ils ne vont pas y arriver, donc ils ne sont pas motivés.

« Quand on accompagne les jeunes, ils se disent que oui, ils pourraient faire un bac pro, du commerce, ou créer leur propre activité. »

Comment avez-vous vécu le confinement et les restrictions actuelles liées à la situation sanitaire ?

C’était très compliqué, surtout au début. Je me suis retrouvée enfermée dans mon studio, sans connaître la durée exacte du confinement. Je suis rentrée me confiner chez mes parents. Tout le monde respectait les règles, mais d’un point de vue pédagogique et administratif, ce n’était pas la fête. Le programme n’a pas été entièrement vu, certaines personnes n’ont même pas reçu les cours. C’est triste parce qu’on parle quand même de formation supérieure.

Quel serait votre rêve ?

Pour ma vie, ce serait de signer un contrat de doctorante à l’Université ou d’avoir mon propre établissement. C’est un grand rêve mais si on a la motivation et les bons contacts, c’est possible. Au point de vue de la ville de Saumur, il faudrait de nouveaux bâtiments, un pôle universitaire, plus de transports en commun. Et plus de divertissements. Ça manque d’endroits intéressants pour les jeunes. Donc les jeunes, dès qu’ils ont plus de 18 ans, ils partent. À l’échelle du pays, je voudrais une France qui réunit les différentes communautés, ce qui lui permettrait d’être à la tête de l’Europe et du monde dans certains domaines. C’est possible parce qu’il y a plein de gens avec du potentiel ici.

Propos recueillis par Claire Gadebois

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