Portraits de jeunes. Ewan DOUTEAU, engagé pour un avenir solidaire et humaniste | La Roche-sur-Yon

Lycéen et bénévole à la Vigne-aux-Roses – Habitant du quartier des Pyramides

Bénévole dans son quartier de cœur, Ewan s’engage également dans son quotidien de lycéen, en tant que délégué de classe et délégué à la vie lycéenne. Attentif aux enjeux de notre époque, il partage sa vision de la société avec force et humilité, profondément convaincu que les jeunes ont leur mot à dire et le pouvoir de faire changer les choses.

Nom : DOUTEAU

Prénom : Ewan

Âge : 16 ans

Signes distinctifs : Passionné par les mangas, il écrit des textes et rêve de pouvoir en éditer en France.

Projets : Intégrer l’école de police et la brigade de protection des mineurs, pour « protéger la génération suivante ».

Présentation : peux-tu te présenter ainsi que ton quartier ? Quel a été ton parcours et quels sont tes projets ?

Je suis Ewan Douteau, j’ai 16 ans. Je suis élève en 2nde Bac Pro MRC, Métiers de la Relation Client, au lycée Edouard Branly à la Roche-sur-Yon, ce qui permet de choisir entre 3 styles de métiers, entre les métiers du commerce, le bac pro vente, et le bac pro accueil. Je suis né à la Roche-sur-Yon, j’ai grandi 6 ans à la Vigne-aux-Roses, et à la naissance de ma sœur, on a dû partir parce qu’il manquait une chambre. Je cohabitais déjà avec mon frère, je ne l’ai pas mal vécu, mais si je pouvais avoir ma chambre tout seul, ça m’allait aussi. On est partis dans le quartier des Pyramides à la Garenne et ça fait 11 ans que j’y habite. J’ai beaucoup de souvenirs de la Vigne-aux-Roses, même si j’en suis parti à 6 ans. Ce sont deux quartiers que j’aime beaucoup. Ce sont beaucoup des personnes allophones qui y vivent, souvent qui n’ont pas beaucoup de revenus. Les HLM permettent d’avoir des loyers peu chers par rapport à des maisons et ça aide les personnes qui sont dans le besoin. Ce sont des quartiers que j’aime beaucoup parce que les gens sont soudés pour s’aider, même si parfois il y a quelques conflits. À Jean Yole, il y a eu des braquages, mais je trouve que depuis quelques années, ça a beaucoup évolué et il y a de moins en moins de problèmes. On a réussi à se souder pour éviter ce genre de choses-là. Je suis bénévole à la Vigne aux Roses, à la distribution alimentaire, un vendredi sur deux, quand je n’ai pas cours et au festival « La Vallée fait son cirque », où je tiens des stands de nourriture. Je fais aussi partie du conseil de vie lycéenne de mon lycée. On est 11 élus et ça permet d’aider à la vie du lycée, de mettre d’autres systèmes en place pour améliorer les choses. C’est plutôt pas mal de donner de sa personne même si on est jeune et qu’on n’a pas beaucoup d’expérience dans la vie. On peut quand même dire ce qui va ou ce qui ne va pas.

 » Ce n’est pas parce qu’on vit dans un quartier qu’on ne peut pas donner de sa personne pour aider un autre quartier. »

Est-ce qu’il y a des choses qui devraient changer dans votre quartier ?

Le fait que les gens pensent que les quartiers comme ceux-là sont des quartiers où il n’y a que de la violence, que c’est mal famé, que les gens sont des barbares. Il y a plein de gens qui pensent ça, et j’ai envie de prouver que ce n’est pas le cas. Les gens pensent que si on va dans un quartier alors qu’on n’y habite pas, on va se faire agresser. Ces gens se trompent. Ils ont le droit de le penser mais ils n’ont pas le droit de généraliser, parce que ce n’est pas vrai.

  » Il y a beaucoup de personnes qui disent que les mineurs ne savent rien de la vie alors que si. On n’a pas encore l’expérience de la vie active mais à 16 ans, on peut changer les choses.« 

Qu’est-ce qu’être jeune en 2021 ?

La différence avec avant, ce sont les réseaux sociaux, on a grandi avec Internet. Il y a plein de choses qui ont fait que les jeunes des années 2000 ont mieux grandi que les enfants des années 40, 60 ou 80. Ma grand-mère avait 3 ans quand la 2nde guerre mondiale a commencé et je me suis dit que ça devait être compliqué. Elle m’a raconté qu’elle faisait 3 km à pieds pour aller à l’école, il y avait des bombardements. Ça devait être horrible d’avoir grandi dans ces années-là. Je me dis que j’ai de la chance. Et nous on se plaint qu’on ne capte pas la wifi, on n’a pas de problèmes à côté de ce qu’ils ont vécu eux.

Comment vis-tu la crise sanitaire ?

Je l’ai plutôt bien vécu parce que ça me permettait de rater un petit peu des cours. Mais ça m’a soûlé de faire les cours à la maison et quand le confinement s’est terminé, que je suis revenu en cours, je me suis dit qu’en fait, je préfère être à l’école que de rester chez moi tout le temps. J’ai aussi eu contact avec mes amis via les réseaux sociaux, la console, etc. Pour le 1er confinement, il y a eu les attestations de sortie. Je suis sorti une heure tous les jours pour m’aérer la tête. Mais ça m’a rendu hypocondriaque, j’ai eu peur d’être malade parce qu’il y a 4 ans, j’ai eu une grosse grippe et pendant 3 semaines, j’ai vraiment été mal.

 « Je trouve que la covid et le confinement ont aussi fait que la majorité des gens se sont serrés les coudes, se sont entraidés, ont respecté les distanciations sociales et le port du masque. »

Tu fais partie d’une génération traversée par des mouvements sociaux très forts, Black Lives Matter, les Marches pour le climat, #MeToo, etc., qu’est-ce que ça t’inspire ?

Le climat, ce n’est pas quelque chose qui m’inspire, même si je sais que c’est très important. Mais pour l’instant, je préfère aller dans une manifestation pour Charlie Hebdo ou pour le regretté Samuel Patty. J’y suis allé et ces manifestations passent pour moi en priorité. Je sais que plus tard, je pourrai faire des marches pour le climat ou pour Black Lives Matter. Si une manifestation entre dans mes opinions, j’y vais, même si je suis jeune. À la marche pour Samuel Patty, j’étais quasiment le seul jeune de mon âge, j’y ai rencontré mon ancien prof d’histoire, qui m’a dit que j’étais ouvert d’esprit, et ça m’a beaucoup touché. Et je suis pour les manifestations pacifiques, on a le droit de dire ce qu’on pense mais ce n’est pas en criant sur les gens qu’on peut les raisonner.

« On a des problèmes par rapport aux réseaux sociaux, avec le cyber-harcèlement, les insultes sur le physique, les origines. Ça peut mener à des choses très graves, jusqu’au suicide. Je pense que s’il n’y avait pas les réseaux sociaux, on se serrerait plus les coudes. »

Quel serait ton rêve ?

Moi j’aurais aimé aller en bac pro métiers de la sécurité mais c’était très compliqué d’y aller parce qu’il y avait 18 places sur 300 candidats et je n’ai pas été pris. Je me suis aperçu que c’était parce que j’étais en 3ème prépa métier au lycée Branly, et les rectorats ont beaucoup de préjugés sur les classes de STMG, les SEGPA ou les classes de Prépa Métiers. Ils pensent que ce sont des personnes qui font beaucoup de chahut ou qui ne sont pas bien mentalement. Mais pas du tout. Moi j’ai vécu beaucoup de moqueries mais j’ai réussi à aller dans ma 2ème voie qui est le commerce. Après le bac pro, je voudrais aller dans une école de police, et me spécialiser vers la brigade de protection des mineurs. On m’a beaucoup protégé quand j’étais petit et je veux faire pareil, protéger la génération suivante. J’aimerais protéger les enfants comme j’ai été protégé moi. J’aimerais qu’on soit sur une France où il n’y ait plus de racisme, plus de discriminations, plus d’homophobie. C’est une vision utopiste parce qu’il y a toujours des personnes qui seront là pour juger, pour nous mettre des bâtons dans les roues, pour dire, toi tu es noir, tu n’es pas français. Ce n’est parce que quelqu’un est d’une couleur de peau, d’une origine, d’une religion différente, ou a un physique différent, qu’il est inférieur. Laissez les gens comme ils sont, et laissez-les vivre leur vie.

Propos recueillis par Claire Gadebois

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