Portraits de sportive. Mélissa OSOUF, « venez essayer la boxe ! » | La Roche-sur-Yon

Baignée dans l’univers de la boxe dès son plus jeune âge, Mélissa Osouf se consacre entièrement à sa passion, et voit son travail récompensé par le gain de plusieurs titres nationaux et internationaux. S’entraînant au quotidien pour conquérir de nouveaux trophées, et concourir lors des Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028, elle n’en prend pas moins le temps de transmettre sa passion en animant des cours de boxe 100% féminins.

Nom : OSOUF

Prénom : Mélissa

Âge : 22 ans

Signe distinctif : A commencé la boxe avant de savoir marcher.

Sport pratiqué : La boxe thaï, une boxe autorisant l’usage des poings, des tibias, des coudes, ainsi que les corps à corps. Une boxe complète comparable à un art martial, ritualisé et traditionnel.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Mélissa Osouf. Je suis née en Normandie dans le 61, mais j’ai toujours habité ici à la Roche-sur-Yon. Je suis issue d’une famille nombreuse, on est neuf enfants, et on est neuf boxeurs. Je n’avais pas le choix (rires). J’ai un père entraîneur, je suis entraînée par mon grand-frère. Avec mon père, quand on se levait le matin, la première chose qu’on faisait, c’était un entraînement de boxe, j’étais encore dans le trotteur, je ne savais pas encore marcher. J’ai commencé ma première compétition à l’âge de 8 ans, j’ai été huit fois championne de France, vice-championne d’Europe et j’ai gagné la Coupe du Monde en novembre dernier. Je suis la 2ème de ma famille, j’ai juste un frère plus âgé que moi, donc on s’entraînait ensemble et aujourd’hui, il me suit toujours et me coache parfois. C’est une histoire de famille. Je me suis inscrite en club à l’âge de 7 ans. J’ai commencé à Venansault, parce que mes parents sont de là-bas, une petite commune à côté d’ici, où j’ai fait de la boxe pendant 7 ans et ensuite mon père et mon coach, Yoann, ont rejoint un club à La Roche-sur-Yon dans le quartier Jean Yole donc je les ai vite rejoints, et maintenant j’y suis toujours. En septembre, mon coach Yoann et moi avons ouvert notre propre club, toujours à Jean Yole. Avant je faisais un BTS mais j’ai décidé d’arrêter il y a quelques semaines pour me consacrer à 100% à la boxe. C’était déjà le cas avant d’arrêter le BTS, je ne faisais que de la boxe, je mettais tout le reste de côté. Je m’entraîne deux fois par jour, je pars en compétition plusieurs fois par mois donc je ne fais vraiment que ça.

Et vous donnez des cours également ?

Je donne des cours de boxe à des femmes, des cours 100% féminins. Elles viennent du quartier, de la ville, des petites communes à côté, elles viennent de partout.  L’idée me trottait dans la tête depuis plusieurs années mais je n’avais pas la maturité pour le faire. Il fallait que je prenne de l’expérience personnelle, que j’apprenne de moi-même, de mon coach, parce que mon coach m’apprend à devenir coach aussi. En fait, ce sont des femmes qui m’ont demandé pour différentes raisons de faire des cours pour elles. Certaines voulaient perdre du poids, d’autres voulaient prendre confiance, apprendre à se défendre, se remettre en forme ou se défouler tout simplement. Il y a eu une demande, puis deux puis trois, je me suis dit que c’était peut-être le moment d’essayer. Et ça a vraiment cartonné, je ne m’attendais pas à un tel succès ! Maintenant, je suis prise dedans, je suis obligée de continuer (rires). Ça me plaît, on le fait une fois par semaine et c’est super cool, on est un bon groupe qui va de 15 ans à 62 ans. Il y a des sportives et des moins sportives, des mamans, des mamies, il y a vraiment de tout, c’est sympa.

« Le sport dans les quartiers, ça permet aux jeunes de faire du sport dans des structures sécurisées. Et ça transmet des valeurs aussi, ce n’est pas juste du sport, c’est l’école de la vie. Si tout le monde faisait du sport, l’ambiance serait vraiment plus cool. »

 

Que représente le sport pour vous ?

Ça apporte beaucoup de confiance en soi. Moi j’ai pris énormément de confiance. Les femmes qui viennent à mon cours, au début, elles étaient toutes réservées, toutes timides, elles n’aimaient vraiment pas le sport. Certaines n’en avaient jamais fait de leur vie, ça pouvait être compliqué pour elles. Alors que maintenant c’est devenu une addiction. Là, elles ne veulent pas lâcher pendant l’été alors que moi je veux des vacances (rires). Pour moi c’est l’école de la vie le sport. On en apprend toutes les valeurs. On voyage beaucoup, demain je pars à Venise, j’ai été en Thaïlande, en Roumanie, en Turquie, et ça apporte beaucoup de choses : les valeurs, la confiance, beaucoup de respect, on apprend toujours à se dépasser à donner le meilleur de soi-même. Il faut faire du sport, ça devrait être obligatoire ! Même pour se canaliser, pour faire des rencontres, ça nous apporte plein de choses. Je n’aurais pas été la même personne si je n’avais pas fait de sport.

« Il faut faire du sport, même un petit peu, et n’importe quel sport, pour soi-même, pour se sentir mieux dans sa tête et dans son corps. »

À l’avenir, quelles évolutions liées à la boxe aimeriez-vous voir se développer ?

J’aimerais que ça se féminise plus. Quand j’ai commencé, il n’y avait aucune fille dans mon club, aujourd’hui j’ai mon cours où il y a 25 filles. Dans les cours mixtes, il y a quelques filles qui viennent mais ce serait vraiment top qu’il y en ait plus. C’est un sport vraiment à part, connu pour sa violence, pour la bagarre. Alors que ce n’est pas ça du tout. Les femmes ont une appréhension sur cette pratique sportive, elles se disent qu’elles n’ont pas envie d’avoir le nez cassé, d’avoir des bleus, de tomber contre des gros bonhommes qui vont leur casser la figure. Mais en réalité, ce n’est pas du tout ça. La réalité c’est qu’on s’éclate, on transpire, on prend confiance en soi, on perd du poids, on se muscle et on apprend à se défendre. Il ne faut pas qu’elles restent sur les préjugés qu’on peut avoir sur la boxe. Dans le club, on a tous de bons résultats, ce serait bien de développer les structures et d’attirer les femmes. Dans ma ville, on n’a pas de salle de boxe. Notre salle, c’est une salle de basket, on doit installer nous-même les tatamis, installer nous-mêmes les sacs. On n’est pas dans de mauvaises conditions, on a une salle à disposition, on s’entraîne au chaud, on ne va pas se plaindre, mais on n’a pas non plus une salle de boxe comme les footballeurs ont leur terrain de foot ou les basketteurs leur terrain de basket. On monte notre salle et on la démonte à la fin de chaque cours, ça prend du temps et de l’énergie. C’est vraiment ce qui manque à la Roche-sur-Yon. C’est en pourparlers avec les élus. Je suis ambassadrice de la Roche-sur-Yon, j’essaye de faire au mieux pour promouvoir mon sport.

Propos recueillis par Claire Gadebois

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