Portraits de femmes. Virginie Douteau, bénévole passionnée au service des habitant·e·s à la Roche-sur-Yon

Virginie, bénévole passionnée au service des habitant-e-s du quartier de la Vigne-aux-Roses.

Nom : DOUTEAU

Prénom : Virginie

Âge : 42 ans

Quartier : La Vigne-aux-Roses, La Roche-sur-Yon

Signes distinctifs : Militante infatigable, elle parle de son quartier avec passion !

Engagements : D’abord Présidente de l’Association des parents d’élèves, elle s’engage ensuite dans la vie de la Maison de Quartier et en devient Vice-Présidente. Elle est également bénévole au Secours Populaire et à la distribution alimentaire.

 

En 2004, Virginie quitte le centre-ville de la Roche-Sur-Yon pour s’installer dans le quartier de la Vigne-Aux-Roses. En 2009, elle déménage mais son engagement demeure. Restant profondément attachée à son quartier de cœur, elle milite sans relâche pour promouvoir l’entraide et le vivre ensemble.

 

 « C’est cet endroit qui m’a fait grandir. »

 

 

Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre quartier ?

« Je n’habite plus le quartier depuis 11 ans mais je reste sur le quartier parce que je l’aime, je ne veux pas le quitter sur le côté implication, bénévolat. Je me suis sentie tellement bien ici, j’ai tellement grandi. J’ai pris en maturité dans ce quartier, je connais les gens, je me sens comme chez moi. J’y ai vu grandir mes enfants, j’ai créé des contacts avec des gens avec qui je n’aurais jamais discuté dans un autre contexte. C’est un quartier qui est en pleine rénovation urbaine, qui va être refait à neuf. La Ville a été très impliquée sur ce que les habitants pensaient, avec des réunions. C’est un quartier qui a eu des hauts et des bas, il y a eu des moments compliqués, avec de la délinquance et de l’incivilité. Il y a eu beaucoup de travail de fait avec la Maison de Quartier, les Educateurs de prévention, la Ville, mais c’est un quartier qui a toujours été très famille et très ouvert. Ici il y a une vraie qualité de vie, il y a des aires de jeux, des espaces verts. Je trouve qu’ailleurs, les gens sont plus renfermés. J’aime aider les autres, c’est quelque chose qu’on me dit, que je pense plus aux autres qu’à moi-même, mais j’ai toujours fonctionné comme ça. Il y a une phrase célèbre de Mohammed Ali qui dit qu’aider les autres c’est un moyen de payer son loyer sur terre. Pour moi, c’est une phrase qui représente bien les choses. Malheureusement, dans beaucoup d’endroits, il n’y a pas assez d’entraide, et ce qui est bien, c’est que dans ce quartier-là, vraiment, il y a beaucoup d’entraide. On a la chance d’avoir eu et d’avoir de nouveau de nombreux jeunes qui font beaucoup de bénévolat. »

 

« Si on continue tous ensemble, on ne peut faire que des choses bien, les gens ici ont plein d’idées. »

 

Quel a été le déclic qui vous a donné envie de vous engager dans votre quartier ?

« Mon fils entrant en 2ème année de maternelle, je me suis retrouvée avec la Présidence des parents d’élèves. J’avais vingt-deux ans, j’étais maman solo à cette époque-là. Et parce que la Présidente partait en Allemagne, elle cherchait une personne jeune et dynamique. J’ai toujours fait beaucoup de bénévolat et d’humanitaire, alors je me suis dit : « pourquoi pas ». Quand on est dans l’association des parents d’élèves, on est présent au Conseil d’Administration de la Maison de Quartier, qu’on appelle maintenant des Comités d’Animation. On m’a dit qu’il fallait quelqu’un pour le Conseil de la Maison de Quartier, que c’était sympa. J’étais très jeune par-rapport à la moyenne d’âge du Conseil. J’ai été vite impliquée. Très vite on m’a écoutée, ça m’a donné envie de continuer. C’est un quartier sur lequel on peut faire beaucoup d’activités. Il y a quelques années on a fait un projet de montage d’un studio d’enregistrement en Guinée, il y a eu un échange. Les jeunes sont allées, les guinéens sont venus, il y a eu des formations et un album. On a aussi monté un projet de formation de danse avec les jeunes en Angleterre. Ce sont des projets qui mettent du temps mais qui sont géniaux. »

 

Pensez-vous qu’être une femme change la donne quand on s’engage sur un territoire ? Votre parole est-elle plus difficile à faire entendre ?

« On ne peut jamais répondre par oui ou par non à ce genre de question. D’un côté oui, parce qu’on est sur un quartier où être une fille en jupe c’est très compliqué, alors que ce n’est pas parce que je suis en jupe et maquillée que je suis différente de la personne que tu vas voir le lendemain qui sera en jeans et en baskets. C’est très difficile à faire changer dans les mœurs, qu’elles soient étrangères ou françaises. Ce n’est pas que sur le quartier, c’est partout. Etre une femme parfois c’est compliqué parce qu’on n’a pas toujours la même place que l’homme, qu’on est soi-disant inférieures. Mon fils dit que sans les femmes on ne serait pas là nous les hommes. Alors je pense que par l’éducation qu’on donne à ses enfants, en tant que femmes, on peut changer les choses. »

 

« J’ai envie que les gens s’approprient leur quartier, que les gens n’aient pas peur d’être ici. Ce n’est pas chacun dans son coin qu’on peut faire avancer un quartier. »

 

Nous avons vécu deux mois de confinement, quelles ont été les difficultés vécues par les familles dans le quartier de la Vigne-Aux-Roses ?

« Pour certaines familles ça été très compliqué, humainement, financièrement, socialement. Les distributions alimentaires n’étaient pas ouvertes, on a eu de la chance que la Ville ait tenu à ce que ces choses restent et que ça permette aux gens de pouvoir subvenir un minimum à leurs besoins. On a une population allophone énorme sur le quartier. Il y a des gens qui ne comprenaient pas le pourquoi du comment. Il y a eu un gros travail de fait au sein de la Ville et de la Maison de Quartier. Les animateurs appelaient les gens qu’ils savaient en difficulté. On a eu des personnes d’un certain âge qui commençaient à faire des dépressions parce qu’elles étaient encore plus isolées. Le problème a aussi été l’accès à la scolarité. Beaucoup de personnes n’ont pas les moyens d’avoir un ordinateur ou une imprimante. On a essayé au niveau de la Maison de Quartier d’imprimer les devoirs des enfants. Faire les devoirs sur le téléphone c’est impossible. Quand on entend le gouvernement parler du taux de décrochage scolaire pendant le confinement, ce n’est pas possible, ils ne prennent pas en compte les quartiers. Au lieu d’avoir revalorisé de 100 euros la rentrée scolaire, on aurait peut-être dû proposer aux familles un accès à un ordinateur parce qu’il y a un risque qu’on se retrouve dans la même situation. »

 

Avez-vous un rêve pour votre quartier et ses habitant·e·s ?

« Qu’avec la rénovation, ce nouveau quartier, les gens continuent à développer ce côté solidarité, entraide, discussion, échange parce que c’est en contact les uns des autres qu’on évolue, qu’on grandit. Les échanges de savoirs c’est hyper important. Peut-être d’ici un an, deux ans, faire une grande fête de quartier, que ce ne soit que les habitants qui s’y impliquent et la fassent. Créer quelque chose ensemble, évoluer avec le quartier, bouger tous ensemble, montrer que ce n’est pas parce qu’on est dans un quartier prioritaire qu’on ne peut pas faire des choses sympathiques. »

Propos recueillis par Claire Gadebois

 

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