Portraits de jeunes. Fazidati SOUFOU MARI, « petit à petit, l’oiseau fait son nid » | Quimper

Habitante et future intervenante sociale et familiale — Quartier Kermoysan

Une voix posée. Une grande écoute. Fazidati nous raconte son histoire avec douceur, dans les locaux de la mission locale de Quimper. La jeune femme a quitté son île natale, Mayotte, pour venir étudier en métropole. Un grand voyage, au moment charnière de la vie où l’on s’oriente professionnellement. Arrivée à Quimper, la jeune femme a, petit à petit, trouvé sa voie : l’intervention sociale et familiale. Le quartier de Kermoysan, inconnu au premier abord, lui offrira de belles retrouvailles avec de nombreux compatriotes mahorais. Parmi eux, elle rencontre son mari, avec lequel elle vient de fonder une famille.

Nom : SOUFOU MARI

Prénom : Fazidati

Âge : 25 ans.

Signes distinctifs : Originaire de Mayotte, Fazidati parle le shibushi, sa langue maternelle. Elle adore les films d’horreur.

Engagements : Fazidati aime être au contact des autres, elle souhaite s’orienter dans le social. Au niveau personnel, elle s’occupe actuellement de sa fille d’un an avec son mari, et accueille son père mahorais en attente d’une opération en métropole.

« Je porte beaucoup d’intérêt au domaine social. J’ai envie de travailler dans les relations humaines, d’accompagner, d’orienter les familles en difficulté. »

Présentation – Peux-tu nous raconter ton histoire, l’endroit où tu as grandi, où tu habites ?

Je me présente, Soufou Mari Fazidati. J’ai 25 ans et j’habite à Quimper, dans le quartier de Kermoysan. Je suis originaire de Mayotte. Je suis née à Mamoudzou, la capitale du département. Je suis extrêmement attachée à mon île, mais aussi aux valeurs familiales. Je suis musulmane et j’ai toujours été proche de ma religion. Quand j’étais sur l’île de Mayotte, j’accompagnais des touristes qui venaient visiter la forêt et les exploitations d’ylang-ylang pendant les vacances et les weekends. Je suis arrivée à Quimper fin 2015 pour étudier. À mon arrivée en métropole je ne me sentais pas bien car je me retrouvais loin de ma famille, mais au fil du temps, je me suis adaptée à la vie d’ici. Après avoir décroché mon bac en 2018, je suis retournée à Mayotte pour me marier. Mon mari est aussi d’origine mahoraise, mais je l’ai rencontré ici, lors d’un pique-nique pendant l’été. Nous avons célébré notre mariage, puis nous sommes retournés en métropole. Nous habitons dans le quartier de Kermoysan depuis novembre 2019 et j’ai donné naissance à notre fille au mois de mai 2020. J’ai longtemps hésité à venir vivre dans ce quartier, à cause des reportages qui montraient toujours des violences et des bagarres au quartier. Finalement, je trouve que le quartier est bien situé. Il y a des bus qui passent souvent et un peu partout. Le quartier est grand, convivial, loin des clichés que je m’étais faits. On peut aller au terrain blanc où il y a un parc, rencontrer des copines et (avant l’épidémie) assister à des concerts. Il y a un petit carrefour, des boulangeries. J’ai retrouvé plusieurs personnes que je connaissais à Mayotte sur Quimper, ici.

« Mon mari est aussi d’origine mahoraise, mais je l’ai rencontré ici, lors d’un pique-nique pendant l’été. »

Projets et engagements : Quels sont tes projets personnels et professionnels ? Es-tu impliquée/engagée dans ton quartier ou ailleurs ?

Après l’obtention de mon bac, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Je me suis donc tournée vers un BTS technico-commercial, qui se caractérise par des études courtes. Et puis je me suis dit que peu importe ce que je ferai par la suite, une formation en vente et en commerce me sera utile car elle me conduira à être en contact et aider les personnes. Du coup, après mes deux années de BTS, j’ai réalisé que je portais beaucoup d’intérêt au domaine du social. J’ai envie de travailler dans les relations humaines, d’accompagner et d’orienter les familles en difficulté. J’aime aider les familles, les accompagner et être toujours en contact avec eux. Avant de m’orienter dans le domaine du social, j’ai d’abord réalisé des enquêtes métiers pour mieux découvrir les professions du social, ainsi qu’un stage de découvert de 15 jours dans un centre aéré qui accueille des enfants en situation de handicap et des enfants valides. On s’occupe d’eux, on organise des jeux ludiques ainsi que des activités. J’ai toujours été très intéressée par le contact humain. Ce qui m’importe plus particulièrement, c’est le lien avec les personnes, l’échange et surtout l’accompagnement.

 

 Être jeune en 2021 : comment te sens-tu, comment vis-tu la crise sanitaire ?

Je me sens toujours en pleine forme, comme il y a cinq ans. Je ne me sens pas du tout limitée par l’âge. Et pendant la crise sanitaire, j’étais en deuxième année de BTS. On devait faire les cours à distance. Sinon le confinement chez moi s’est très bien passé. Comme j’étais enceinte, je n’avais pas trop d’énergie à dépenser. Du coup, le fait d’être chez moi m’a permis de me reposer et j’ai apprécié.

As-tu un rêve, une raison d’espérer pour toi/pour ton quartier et ses habitant·e·s/pour Mayotte ?

Pour Mayotte, mon rêve serait que la violence s’arrête et que nous ayons plus de liberté et de paix. Et ici, au quartier de Kermoysan, étant donné que je n’y ai pas vécu longtemps, je ne pourrais pas dire ce qu’il manque et ce dont ont besoin les habitants du quartier. En revanche, mon conjoint a vécu depuis son jeune âge dans le quartier. Il a contribué à beaucoup d’activités avec les gens d’ici. Sinon, on aimerait bien partir en vacances au Maroc avec ma famille. J’ai une copine marocaine qui m’a donné envie de découvrir le Maroc…

« Pour Mayotte, mon rêve serait que la violence sarrête et que nous ayons plus de liberté et de paix. »

 

Propos recueillis par Marie Fidel

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