Pour le dirigeant Mamadou Gning, le Leclerc de Saint-Léger-de-Linières est sa « base ». C’est ici qu’il a pris en main son premier poste d’agent de sécurité puis le premier contrat de sa société GPS 49 (Gning Protection Sécurité). Venu du Sénégal il y a dix ans, il est fier d’avoir développé cette entreprise qui salarie une dizaine d’agents de sécurité privée, aujourd’hui. Mamadou ambitionne de développer une entreprise d’exigence tout en accompagnant l’insertion des jeunes du quartier angevin où il a résidé.
Nom : GNING
Prénom : Mamadou
Âge : 40 ans
Signes distinctifs : Sa force de travail, qui l’absorbe entièrement.
Nom de l’entreprise : GPS 49 (Gning Protection Sécurité)
Nature de l’activité : Service de sécurité privée.
Pouvez-vous vous présenter ? Qu’est-ce qui vous a mené vers l’entrepreneuriat ?
Je suis venu du Sénégal en 2015. Je voulais travailler dans le secteur bancaire, conformément à ma formation. J’avais un master en Finance et Management. On m’a dit qu’il fallait être exclusivement de nationalité française. Alors je me suis rapproché de la mairie d’Angers. J’avais un diplôme de moniteur, l’équivalent du BAFA. J’ai travaillé dans les écoles, en tant qu’animateur, mais aussi en restauration, dans la distribution de publicité, la garde d’enfants. À chaque fois, le volume horaire n’était pas suffisant. Alors, je me suis renseigné sur le métier d’agent de sécurité et je me suis formé en 2017. Je suis sorti major de ma promotion. Le centre de formation avait également une entreprise de sécurité qui m’a recruté pour mon premier travail au Leclerc de Saint-Léger-de-Linières. J’ai quitté Angers en 2022 pour venir habiter ici. Le client était satisfait de mes services et a demandé à mon employeur de me garder exclusivement sur ce site, au Leclerc. Après quelques soucis avec mes remplaçants, il m’a questionné sur mes études et s’est montré ouvert à mon projet. J’avais envie de créer mon entreprise. Je portais cette ambition depuis l’enfance. Je voulais être indépendant financièrement et au niveau familial. Devenir mon propre chef, ne pas être soumis aux ordres hiérarchiques, je savais que c’était fait pour moi. Je n’aime pas rester inactif, j’aime les rendez-vous, les démarches…
« Devenir mon propre chef, ne pas être soumis aux ordres hiérarchiques, je savais que c’était fait pour moi. »
En créant une entreprise, on recrute du personnel qui pourra travailler. Je savais que j’allais pouvoir aider des personnes, être utile pour la société. Ainsi, j’allais créer les conditions pour permettre aux gens d’exercer eux aussi et d’entreprendre des choses.
Quel projet avez-vous développé et pourquoi ?
Comme je me sentais bien dans le milieu de la sécurité, je me suis dit : pourquoi ne pas créer une entreprise de sécurité privée ? La sécurité concerne la protection des personnes et des biens. Le service exige une présence dans les magasins pour leur permettre d’ouvrir le matin et de fermer le soir en toute sécurité, que les gens puissent travailler l’esprit tranquille vis-à-vis de leur marchandise et de leurs clients. Aussi, je propose mes services lors d’évènements, par exemple des matchs de ligue 1. Nous pouvons opérer les palpations, le filtrage. Je n’ai pas la force ni les prérogatives de la police et de la gendarmerie, mais une partie de leurs missions régaliennes est confiée à la sécurité privée.
Quels ont été les réussites et les freins dans la mise en œuvre de votre projet ?
La première difficulté, c’est la réglementation très exigeante. Pour créer une entreprise de sécurité privée, il faut valider une formation de dirigeant d’entreprise, puis déposer un dossier au CNAPS (Conseil national des activités privées de sécurité) afin d’obtenir un agrément. Puis il faut constituer un dossier avec l’assurance, pour que le CNAPS délivre une autorisation d’exercer. J’ai réussi ma formation de dirigeant le 10 novembre 2022 et je suis revenu proposer mes services sur le site où j’avais commencé comme agent. J’ai innové. Mon client a été satisfait et m’a recommandé à d’autres magasins. Comme j’avais travaillé comme agent, j’avais fait mes preuves. Je veillais à ne pas faire de concurrence déloyale aux entreprises existantes. Avec le bouche-à-oreille, je n’ai pas eu trop de difficulté à trouver des clients. C’est une réussite. Face à la demande, je devais recruter des agents. Beaucoup de personnes que je connaissais étaient partantes, mais n’avaient pas la carte obligatoire pour exercer. Or les besoins étaient là, il y a de moins en moins d’agents de sécurité sur le marché du travail. J’ai décidé d’accompagner mes recrues pour faire financer leur formation avec Pôle Emploi, leur garantissant une embauche. Quand ils ont obtenu leur carte et commencé à travailler, je me suis senti utile à la société. Je paie les taxes, perçois la TVA, je participe à l’économie du pays et l’absorption du taux de chômage. Cela me fait plaisir. C’est une réussite d’avoir créé mon entreprise et généré des emplois.
Comment et par qui avez-vous été accompagné dans le montage de votre projet ?
Je suis allé à la Maison de la Création et de la Transmission d’Entreprises (MCTE49). Flora Querrec, une conseillère de Citéslab Angers m’a orienté vers la formation professionnelle. Elle a demandé un financement « Transition Pro », grâce auquel j’ai pu suivre la formation et obtenir l’agrément de dirigeant. Après la création de l’entreprise, nous avons gardé des liens étroits. Chaque année, elle organisait un événement et m’invitait en tant qu’intervenant, pour témoigner. J’ai été lauréat régional de « Talents des Cités » en 2023, dans la catégorie émergence.
« Quand ils ont obtenu leur carte et commencé à travailler, je me suis senti utile à la société et à l’économie du pays. »
J’ai accueilli ce trophée avec beaucoup de bonheur et de courage. Je suis quelqu’un qui ne se décourage jamais.
Quelles sont les particularités de créer votre activité en quartier prioritaire ?
J’habitais dans le quartier prioritaire La Roseraie quand j’ai gagné Talent des Cités. Cela m’a motivé à aider les gens issus des quartiers. Je voyais des personnes qui voulaient exercer, des jeunes à côté de chez moi qui ne savaient pas quoi faire. Mon objectif était de les aider à trouver du travail, prioritairement les habitants des quartiers. Je leur ai montré la méthode pour obtenir un diplôme professionnel, un emploi et créer une entreprise. J’emploie actuellement une dizaine de salariés, dont certains à temps partiel.
Quels sont vos souhaits pour l’avenir et pour développer votre activité ?
Je me souviens avoir dit cela à mes formateurs pour devenir dirigeant. Mon ambition est d’être la plus grosse boîte de sécurité d’Angers, de France et pourquoi pas du monde ! Avoir mon entreprise en France, en Italie, Espagne, Belgique… Pourquoi pas dans mon pays, le Sénégal ? Je ne m’arrête pas là. Actuellement, il y a deux personnes qui veulent me rejoindre. Je les accompagne et ils vont entrer en formation. Au lieu d’aller les chercher ailleurs, je les prends à la base et les accompagne à la formation. Ce sont de « purs produits » de GPS 49. Je leur demande de ne pas me voir comme un patron, mais comme un collège. Tout ce qui concerne l’entreprise, nous allons le décider ensemble. Je ne veux pas être quelqu’un qui donne des ordres, je veux qu’ils se sentent importants et appartenir à l’entreprise.
Propos recueillis par Marie Fidel