Portrait d’entrepreneure. Diana NANDALALL, Accro au crochet | Allonnes

Jamais Diana n’aurait pensé devenir créatrice, monter son entreprise et faire sa vie à Allonnes, en France… Issue d’une famille indo-caribéenne, elle visait plutôt un métier de professeur d’anglais ou d’hôtesse. Mais la vie a souvent plus d’imagination que nous. Cela, la fillette ne le sait pas encore, tandis qu’elle apprend le crochet à l’âge de sept ans, pendant la pause méridienne de la cantine de son école en Guyane…

Nom : NANDALALL
Prénom : Diana
Âge : 33 ans
Signes distinctifs : Sa créativité. « Diana a des doigts d’or, des doigts de fée, et toujours une idée ! » dit-on d’elle.
Nom de l’entreprise : Didi Henna Design
Nature de l’activité : Création de sacs design en crochet.

Pouvez-vous vous présenter ? Qu’est-ce qui vous a mené vers l’entrepreneuriat ?

J’ai grandi en Guyane, je suis indo-caribéenne. J’étais en CE1 quand une dame m’a initiée au crochet pendant la cantine. J’en suis reconnaissante. Les études, c’était important, mais je n’étais pas la première de ma classe. J’ai obtenu mon bac. Je pensais être prof d’anglais ou hôtesse. Comme j’étais l’aînée, mes parents espéraient beaucoup de moi. Avec le temps, la pression est devenue trop grosse et la peur de décevoir m’a finalement donné des ailes. Je me suis émancipée et inscrite à l’université de Guyane en Langues étrangères appliquées (LEA), mais je n’ai pas accroché. En froid avec mes parents, j’ai rejoint des membres de ma famille aux États-Unis et au Canada, mais leur situation administrative irrégulière m’effrayait. Étant française, une seule option se dessinait pour moi : la France. J’entendais qu’il y avait du travail… Alors je suis arrivée en 2011 avec mon innocence. Je pensais que tout était beau, que j’allais réussir… Je suis tombée de haut. Heureusement, j’avais une bonne étoile. Une femme m’a accueillie et grâce à elle, j’ai rencontré l’amour. C’est la cousine de mon conjoint. Nous étions à Saint-Denis dans le 93. C’était difficile de trouver un toit alors nous sommes partis au Mans. Ma vie de famille s’est construite, mais au niveau professionnel, c’était très compliqué. Je postulais et n’avais que des réponses négatives : « Vous êtes trop jeune. Vous n’avez pas de diplômes. Vous n’avez pas d’expérience. » De quoi se démoraliser… Je n’ai pas fait d’études, mais je suis intelligente, déterminée, je vais y arriver, me suis-je dit. Je ne voulais pas être mère au foyer. En 2019, j’ai créé cette micro-entreprise « Didi Henna Design ». En 2020, nous avons déménagé à Allonnes.

« Je n’ai pas fait d’études, mais je suis intelligente, déterminée, je vais y arriver, me suis-je dit. »

Quel projet avez-vous développé et pourquoi ?

Au départ, je réalisais du henné, des tatouages éphémères sur les mains, puis j’ai commencé à dessiner des motifs sur les objets, des tasses, tables, miroirs. En cherchant un moyen de protéger ces peintures, j’ai découvert la résine époxy. J’ai découvert une passion pour les pigments, les feuilles d’or. Je me suis mise à faire des tableaux. Le crochet a toujours été un passe-temps, mais je me disais : jamais je ne ferai du crochet pour vivre, car cela prend trop de temps, personne ne paiera pour cela ! En 2023, j’ai constaté que l’époxy ne plaisait pas tant que cela. Je venais de découvrir un nouveau style de fil, le fil t-shirt, que je pouvais tisser avec de la résine. J’ai créé un premier sac en résine époxy et crochet, je l’ai amené à un marché pour tester et je l’ai vendu. J’ai alors réalisé un second qui s’est vendu aussi et ainsi de suite. Aujourd’hui, je réalise principalement du crochet, des sacs à main, des bananes, même si je continue à proposer des tatouages éphémères. En ce moment, je crée de nouveaux sacs à partir de tissu Madras. Je teste, je joue là-dessus, c’est mon univers. Je prône l’originalité et l’exclusivité, chaque modèle est unique. Je les appelle les « sacs diva ».

Quels ont été les réussites et les freins dans la mise en œuvre de votre projet ?

Le premier frein, ce fut la confiance en moi. Il y a huit ans, le regard des autres était ce qu’il y avait de plus important au monde. À force d’avoir connu des blocages dans ma recherche d’emploi, j’avais peur de ne pas être crédible, que mes clients se plaignent. J’étais constamment stressée.

« Même si je traverse des périodes de remise en cause, les mauvaises paroles ne sont plus un frein. »

Mon conjoint m’a beaucoup aidée à croire en moi. Ma première réussite fut le concours des jeunes créateurs du Mans auquel j’ai participé en mai 2019. Le public votait pour la meilleure création. J’ai obtenu la troisième place avec un rideau décoré. C’est la première fois que je présentais mon travail aux yeux de tous, ma première critique positive. Cela m’a lancée. Je me souviens aussi de ma première activité en micro entreprise : une convention du tatouage. La file d’attente devant mon stand de henné m’a surprise. J’ai fait un chiffre impressionnant ! Après, je suis partie en congé maternité et ce fut le confinement. Mais je suis sortie de là gonflée à bloc. J’ai repris confiance en moi. Aujourd’hui, j’ai trois enfants, je suis créatrice. Quand je reçois des critiques sur mes sacs, cela ne m’arrête plus. Même si je traverse des périodes de remise en cause, les mauvaises paroles ne sont plus un frein.

Comment et par qui avez-vous été accompagné dans le montage de votre projet ?

Tout ce que j’ai appris jusqu’à aujourd’hui, je l’ai appris seule. Sauf le crochet ! J’ignorais qu’il y avait plusieurs statuts pour créer son entreprise. J’ai fait des recherches, je me suis formée, avec des lectures, des podcasts. Je me suis inscrite à la Chambre des métiers et de l’artisanat et aux journées d’information de l’Urssaf et au rendez-vous de création d’entreprise. L’an dernier, j’ai suivi la formation « Parcours sup » avec Retravailler dans l’Ouest. Cela a confirmé mon projet professionnel et aidé à prendre confiance en moi avec Pôle Emploi. J’ai participé à un atelier de La Fabrique à Entreprendre, sur l’estime de soi. J’étais déjà trop lancée dans mon projet pour qu’ils m’accompagnent, mais ils m’ont aidée, par exemple en proposant d’utiliser des chalets mis à disposition par la Ville pendant le marché de Noël. J’ai eu de la chance, j’ai vendu 48 sacs. J’ai dû en produire en urgence. C’était une expérience inoubliable et très fraiche ! J’en suis ressortie plus forte et pleine d’énergie.

Quelles sont les particularités d’exercer votre activité en quartier prioritaire ?

L’été dernier, j’ai fait un atelier crochet avec le Centre social pendant deux mois, en juillet et août. Le but était de décorer le jardin partagé, en fabriquant des attrape-rêves. C’était très sympa. Je me suis attachée aux participantes, majoritairement des seniors. Cela a créé un petit lien. Elles connaissent mon conjoint, il est animateur scolaire et au centre social du quartier.

Quels sont vos souhaits pour l’avenir et pour développer votre activité ?

J’aimerais amener plus de transmission dans mon activité. Je souhaite pouvoir ouvrir mon atelier pour enseigner les bases du crochet. Certes, c’est mon travail, mais c’est aussi une thérapie. Le crochet peut guérir de nombreuses choses. Quand les mains sont occupées, tout redevient clair. On est fier de créer quelque chose de ses mains. Si j’ai commencé par cela, à sept ans, cela ne peut pas être juste un hasard… J’aimerais partager cette pratique, que cela puisse faire du bien à d’autres personnes.

Propos recueillis par Marie Fidel

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