David a toujours su qu’il serait entrepreneur. L’idée a germé en Guadeloupe, inspirée par l’entreprise de son père. Il a étudié l’informatique à Paris, dans l’idée d’ouvrir son activité. Puis, porté vers la mer et la Bretagne, David a créé RoyalTech + à Lanester, un magasin de réparation et vente de matériel informatique et téléphonie qui essaime depuis peu à Lorient. À l’horizon, l’entrepreneur ambitionne de développer une chaine de magasins franchisés.
Nom : QUINOL
Prénom : David
Âge : 40 ans
Signes distinctifs : Son audace.
Nom de l’entreprise : RoyalTech +
Nature de l’activité : Vente et réparation de matériel informatique et téléphonie mobile.
Pouvez-vous vous présenter ? Qu’est-ce qui vous a mené vers l’entrepreneuriat ?
Je suis né et j’ai grandi en Guadeloupe. Mon père était un entrepreneur. Il proposait de la fabrication et pose de menuiserie en aluminium. Il m’a élevé dans ce sens-là. Je sentais la liberté de son temps et financière aussi. Cela m’a donné envie. Je me suis toujours dit que j’aurais ma propre entreprise. Je suis arrivé à Paris à 22 ans pour mes études. J’étais obsédé par l’idée d’avoir mon propre business. Dès que j’ai finalisé ma formation en informatique, j’ai été salarié quelques temps au siège d’EDF à la Défense, mais je n’oubliais pas mon projet initial : monter mon entreprise. Quand je suis arrivé à Lorient, j’ai sauté le pas. Cela m’a paru naturel de m’installer en Bretagne, car je ressentais le besoin de vivre près de la mer. Un retour en Guadeloupe était impensable. Mon père craignait que je tombe dans la délinquance. Il y a beaucoup d’instabilité sur l’île. Et je crois qu’il ne m’a pas vu grandir. Je ne suis plus un adolescent. J’ai des enfants, aujourd’hui, une vie de famille.
Quel projet avez-vous développé et pourquoi ?
En février 2020, j’ai créé RoyalTech +. Ma première boutique est située à Lanester. J’ai ouvert un autre établissement à Lorient en janvier 2025, près de l’endroit où j’habite. À plus long terme, mon projet est d’avoir une chaine de magasins. Mon expertise porte sur le matériel informatique et la téléphonie. C’est la passion qui m’a poussé à me former dans la réparation. Dès mon plus jeune âge, je démontais les appareils, pour leur donner une seconde vie. Ou parfois simplement par curiosité ! Un jour, j’ai démonté entièrement l’ordinateur de mon père, sans lui demander… Il fonctionnait très bien. Quand mon père a vu son appareil ouvert, toutes les pièces sorties au grand air, il s’est mis en colère. Mais j’ai remonté intégralement l’ordinateur qui fonctionnait toujours après mon intervention. J’adorais cela. Voilà pourquoi j’ai spécialisé mon entreprise dans la réparation et la vente.
« Dès mon plus jeune âge, je démontais et réparais des appareils. Un jour, j’ai même démonté entièrement l’ordinateur de mon père, sans lui demander… »
Quels ont été les réussites et les freins dans la mise en œuvre de votre projet ?
J’ai commencé en 2020 et le Covid a ralenti l’activité. Tout le monde m’a dit que j’étais inconscient, de lancer mon entreprise à ce moment-là. J’étais motivé et heureusement, l’informatique était considéré comme un commerce essentiel, donc je n’avais pas l’obligation de fermeture. Les clients remplissaient leur attestation de déplacement et venaient dans mon magasin. C’était l’occasion pour eux de sortir et de faire revivre les appareils en panne qui dormaient dans leurs placards. Mon premier gros coup dur pour l’entreprise, c’est d’avoir subi une arnaque. Un faux fournisseur de téléphone très bien organisé m’a fait perdre 3000 euros. J’ai eu le réflexe d’attendre la première livraison avant d’effectuer une autre commande importante. Le matériel n’est jamais arrivé. À part cela, cela se passe bien. Les demandes de mes clients s’équilibrent à 50 % pour l’informatique et 50 % pour la téléphonie. Au bout d’un moment, j’ai eu besoin de plus d’espace pour exposer les articles. La boutique de Lanester devenait trop petite. Aussi, je ne voulais pas négliger la clientèle lorientaise, alors j’ai décidé d’ouvrir une deuxième boutique, en janvier 2025, à Lorient. Elle est spacieuse et bien située, mais elle me coûte très cher. Maintenant, il faut que cela suive, côté clientèle. Le manque de stationnement fait défaut dans ce quartier, j’espère que les clients viendront tout de même me trouver.
Comment et par qui avez-vous été accompagné dans le montage de votre projet ?
Au démarrage de mon projet, j’habitais dans le quartier Frébault à Lorient. C’est un quartier prioritaire, alors BGE m’a orienté vers CitésLab. Mon interlocuteur, Mickaël Yana, m’a donné des petits conseils. Le projet était déjà lancé. Initialement, c’était de la vente sur internet. Je proposais de l’import-export en matériel informatique et téléphonie. Mais avec cette activité, je me sentais trop dans le cyber. Je travaillais seul toute la journée. Le contact avec la clientèle me manquait. J’ai ressenti le besoin d’ouvrir une boutique physique. CitésLab m’a accompagné dans cette transition.
Quelles sont les particularités d’exercer votre activité en centre-ville après avoir monté votre activité en quartier prioritaire ?
Je suis issu des quartiers. Après avoir lancé mon entreprise d’import -export à Frébault, j’ai ouvert mon premier magasin à Lanester, sur un axe routier principal, au 44 avenue François Billoux puis un deuxième récemment à Lorient, cours de Chazelles, près de la gare. La particularité du centre-ville, c’est d’être un endroit où le monde se rassemble. Je rencontre toutes sortes de gens, toutes catégories sociales. Dans les quartiers, on ne voit que les gens des quartiers. Là, on a tout le monde. Je me suis rendu compte que peu de gens entreprennent dans les quartiers. Peut-être qu’ils ne veulent pas prendre de risque, car ils ont déjà peu de moyens. Beaucoup vont à l’usine et touchent un petit salaire. Les gens disent que je suis audacieux. Je ne trouve pas. J’ai toujours vu faire cela à la maison. Par contre, je reconnais que le fait d’avoir ouvert une deuxième boutique en centre de Lorient est ce que j’appelle « un suicide financier » tellement l’investissement représente une prise de risque. Je me suis dit : « ça passe ou ça casse ! » C’est compliqué, car il y a peu de places pour se garer. Les consommateurs sont plus axés sur les galeries commerciales pour éviter ces problématiques de stationnement.
Quels sont vos souhaits pour l’avenir et pour développer votre activité ?
J’aimerais que mon projet de chaine de magasins se concrétise pour, à la fin, développer une franchise. C’est le but et pour cela, il me faut de la clientèle, me faire connaitre, développer la communication. Je travaille actuellement avec une autre personne, en prestation. Cela me permet d’être sur les deux magasins. Ma plus grande satisfaction est de voir le visage d’un client après une réparation. Parfois, lorsqu’ils m’amènent leur appareil endommagé, certains croient qu’ils ont tout perdu. Alors quand je leur dis que les photos sont sauvegardées, j’ai déjà vu des clients émus aux larmes. Les gens ont toute leur vie sur leur smartphone ! Le lien avec la clientèle me motive. C’est pour cela que je veux développer mon activité.
« J’aimerais que mon projet de chaine de magasins se concrétise pour, à la fin, développer une franchise. »
Propos recueillis par Marie Fidel
