Portraits de femmes. Loëtitia Le Quellec, les doigts de fée du quartier à Lannion

Loëtita, les doigts de fée du quartier…

Nom : LE QUELLEC

Prénom : Loëtitia

Âge : 48 ans

Quartier : Ker Uhel, Lannion

Signes distinctifs : fort tempérament.

Engagement(s) : le handicap, en priorité.

 

Parfois, l’engagement passe par des choses simples. Fines et belles. Décorer, entretenir son quartier, l’embellir. C’est l’œuvre de Loëtitia, habitante du quartier Ker Uhel à Lannion, depuis les années 80. Battante, elle n’a jamais baissé les bras pour élever ses fils, et s’en sortir. Entre elle et l’association La Régie de quartier, c’est une belle histoire d’amitié.

 

 

« Embellir la cité apporte de la joie de vivre. Cela fait du bien de voir de jolies choses.»

 

 

 Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre quartier ?

« Je vis ici depuis les années 80. La cité Ker Uhel a beaucoup évolué. Avant, ce n’étaient que des immeubles. Le quartier a été modernisé, amélioré. Des pavillons ont été créés. Beaucoup d’immeubles ont été détruits. C’étaient de vieilles constructions. Pôle emploi est venu se greffer dans le quartier. Actuellement, le gros projet sur Ker Uhel, c’est le futur collège. Je pense qu’il va apporter beaucoup au quartier, améliorer l’image. Parce que les cités ne sont pas très bien réputées. Personnellement, je vis ici depuis que je suis enfant, alors je le vois bien, mon quartier. Je le vis très bien aussi, parce qu’on finit par connaître tout le monde. Je n’ai pas bougé, car je me plais bien dans ma Bretagne, dans mon quartier. Je n’ai pas envie d’aller voir ailleurs ce qui se passe. Ici, c’est très divers, il y a de tous les âges, de tous les pays, et de nombreux échanges. Si par chance on fait partie d’une asso, c’est encore mieux !  »

 

 

« En tant que femme et mère, raison de plus pour se faire entendre ! J’ai acquis cette force de caractère grâce à mon fils aîné, et son handicap. »

 

 

Quand avez-vous commencé à donner du temps pour votre quartier ? Quel a été le déclic ?

« Tout simplement, avec mes deux enfants, j’avais pris l’habitude à Noël de décorer le jardin. À un moment donné, beaucoup de gens s’arrêtaient devant chez moi. Au final, le centre social de Ker Uhel m’a interpellée pour lancer une opération de décoration de Noël des quartiers. À l’époque, je ne travaillais pas, cela me permettait de sortir de mon isolement, de m’investir pour le quartier. C’était très sympathique. J’ai réalisé des décorations avec les enfants, et rencontré des personnes. C’était formidable. Par la suite, la Régie de quartier m’a donné l’opportunité de revenir dans le monde du travail suite à une très longue période d’inactivité. Je leur suis très reconnaissante. Ils m’ont tendu la main et aujourd’hui je suis en CDI. Moi, je suis dans l’entretien. J’interviens principalement sur les cités de Lannion. Je voulais travailler dans les fleurs, l’horticulture. J’ai essayé des stages en pépinière, mais ma santé ne me permettait pas de continuer. C’est cela aussi, la Régie, se rendre compte de ce que l’on veut et de ce que l’on peut. On revoit les choses. Embellir la cité apporte de la joie de vivre. Cela fait du bien de voir de jolies choses. Je sais que l’entretien, l’hygiène sont essentiels, mais ce qui me gêne, avec mes collègues, c’est que nous manquons de reconnaissance de la part des usagers. C’est blessant, parfois. On se donne du mal. Mais la Régie, c’est bien plus qu’un lieu de travail, c’est comme une famille. On se sent dans un cocon. C’est formidable. »

 

 

 

 Pensez-vous qu’être une femme change la donne lorsqu’on s’engage sur un territoire ? (Le regard est-il différent ? Faire entendre sa voix est-il plus difficile ?)

« Je n’ai pas cette impression-là, car quand je dois dire quelque chose, je le dis. C’est bien pris ou non, mais c’est comme cela. D’ailleurs, en tant que femme et mère, raison de plus pour se faire entendre ! J’ai acquis cette force de caractère grâce à mon fils aîné, et son handicap. J’avais bien noté que quand je devais me rendre en réunion médicale à son sujet, il y avait une majorité d’hommes. Et puis ces gens surpuissants vous écrasent et quand vous êtes maman, même si vous ne connaissez pas le jargon médical, vous devez être écoutée. Je me suis imposée pour qu’ils se mettent à mon niveau, et qu’on puisse communiquer ! Je n’ai pas eu le choix. Il fallait foncer. »

 

 

 

Nous sortons de deux mois de confinement, quelles ont été les difficultés vécues par les familles du quartier ?

« Je pense aux tensions dans les couples qui devaient rester à la maison, beaucoup de mamans solos avec leurs enfants toute la journée, les devoirs… Ce n’était pas facile à gérer sans avoir le droit de les sortir, en appartement. Moi étonnamment je l’ai bien vécu, ça m’a apaisé. Après, j’ai un petit jardin, c’est un gros avantage. Je regardais ce qui se passait dehors et ce calme, comme cela faisait du bien ! »

 

 

 

Avez-vous un rêve pour votre quartier et ses habitant·e·s ?

« Ce qui me dérange dans ce quartier, c’est l’éloignement avec les jeunes de 16-20 ans. J’ai l’impression qu’il y a un mauvais ressenti, que ça ne passe pas bien. Il y a un petit groupe sur Ker Uhel qui fait peur, qui dérange. C’est dommage qu’il n’y ait pas quelque chose pour qu’on arrive à parler avec eux, peut-être à les comprendre. On pourrait se rendre compte qu’ils ne sont pas forcément dangereux ni méchants, qu’on peut aller leur parler. »

Propos recueillis par Marie Fidel

 

Découvrez les autres portraits de femmes !

 

Une erreur est survenue lors de la récupération des informations de l'évènement