15′ en Aparté avec Sabryn DAIKI | La mécanique de rue

Sabryn DAIKI, membre du Collectif à côté, nous présente ses travaux de fin d’étude sur la mécanique de rue dans le quartier du Château (Rezé). Intitulé « Sur les traces du rétroviseur – marcher dans les Grands-Ensembles« , son travail, nous amène à un cheminement de rencontres, d’observations pour explorer  progressivement la mécanique de rue. Loin d’être une balade contemplative, cette immersion nous permet de prendre la mesure des réalités vécues par ces mécaniciens cliniciens de l’espace public. Entre observation sociale et spatiale, ce travail nous offre un nouveau regard sur ces pratiques, loin des clichés  souvent invoqués tels que la mécanique sauvage. Il invite à repenser l’aménagement des espaces publics pour accueillir des pratiques populaires à la fois pour aménager, sécuriser et conforter ces pratiques.

« Sur les traces du rétroviseur – marcher dans les Grands-Ensembles »

Une démarche d’observation « immersive »

Sabryn DAIKI utilise la fiction comme outil d’exploration en s’inspirant de la bande dessinée de Clément Charbonnier Bouet – Mondes Parallèles. « Au travers sa marche, il commente les sentiments qui le traversent et le paysage qui l’entoure. »

Le quartier du Château de Rezé sera le terrain d’étude dans lequel un protocole de marche, de micro-sentiers associés à des « manières de marcher » avec l’objectif de s’immerger dans la complexité du quartier.

Son protocole  se conclura par une dernière marche intitulée « tentative d’épuisement par la marche, dans laquelle sont constatés de nombreux indices qui mèneront Sabryn DAIKI sur les traces de la mécanique de rue.

Scènes observées :

 

Aborder la notion de mécanique de rue renvoie à de multiples pratiques. Les scènes du quotidien se matérialisent par :

  • Des camions utilitaires en nombre
  • Des déchets mécaniques (roue de voiture, rétroviseurs, sièges automobiles, enjoliveurs), tâches d’huile
  • La privatisation de places de parking

Les activités décrites :

– Une vidange pour la voisine – Une solution pour des habitants à revenu modeste

– Le camion atelier – Une expertise clinique de la mécanique

– Le diagnostic sensoriel – Faire avec les moyens du bord

– La surveillance constante – Un rôle de régulation par les ASVP

– Au départ du Maroc – Une dimension internationale à la pratique de la mécanique de rue

Les situations des mécaniciens:

– Un chômage imposé par une situation administrative en cours de régularisation

– Pas de diplôme malgré des compétences

Postures des institutions :

– La ville s’est dotée d’un arrêté municipal interdisant la pratique de certaines opérations de mécanique sur le domaine public

– Une sémantique qui appréhende les pratiques comme un problème d’ordre public et se règle par l’intervention policière

– Une posture contradictoire entre répression et compréhension du caractère de subsistance

« Il demandait s’il pouvait louer un garage : Mais vous ne pouvez pas louer un garage pour y exercer des activités illégales »

« Bah oui mais c’est mon boulot. Est-ce que la Mairie peut me venir en aide? »

« Mais la Mairie n’aide pas pour réaliser des activités illégales »

A retenir :

– La mécanique de rue est un travail de subsistance

– Les services rendus rendent possible l’accès à la mobilité des autres habitants

– Les compétences cliniques des mécaniciens ouvrent la réflexion sur les enjeux de mobilité, l’économie circulaire en lien avec les récentes réglementations sur le réemploi de pièces d’occasion

Les idées :

  • Un protocole d’observation « immersif » basé sur des marches exploratoires (discussion avec des mécaniciens, description d’observation)
  • Des rencontres avec les acteurs du quartiers
  • Des réflexions sur l’aménagement urbain en adaptant des places de parking (collecte d’huile, déchets mécaniques, outils partagés, …)
  • Une école alternative de mécanique clinique pour formaliser, valoriser, transmettre les savoirs-faire
  • Un laboratoire-atelier

Ces pistes de réflexion ne cachent pas les enjeux liés aux défis environnementaux que présentent les mobilités actuelles (émission de C02, réglementation sur l’accès des centres urbains, normes pollution, fin des véhicules thermiques en 2035, …) notamment en direction des ménages dont les revenus sont moindre.

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