Une classe préparatoire pour accéder à la fonction publique

Chaque année, entre 20 et 30 personnes préparent l’un des concours d’entrée à l’IRA (Institut Régional d’Administration) au sein d’une classe préparatoire intégrée (CPI), créée en 2009 à Nantes. Destinée à promouvoir la diversité des recrutements dans la fonction publique, cette classe s’adresse aux étudiants ou demandeurs d’emploi, jeunes et moins jeunes, la sélection prenant en compte des critères de ressources et de diversité, notamment la provenance de quartiers prioritaires.

Fondé en 1972, l’Institut Régional d’Administration de Nantes (l’un des 5 IRA en France) forme les cadres de la fonction publique se destinant à travailler dans une administration de l’Etat, au niveau central ou sur les territoires.
Pour se préparer à ces concours d’entrée, des classes préparatoires intégrées ont été créées dans les IRA, dont l’une à Nantes, en 2009.
Et, afin que la fonction publique soit représentative autant que possible de la société, l’accès à cette CPI obéit à des conditions précises. Les postulants doivent être étudiant ou demandeur d’emploi, et être titulaire d’un diplôme Bac+3 pour le concours externe ou justifier de cinq années d’activité professionnelle dans le secteur privé, y compris associatif ou mandat sélectif, pour le troisième concours. Ils doivent évidemment montrer leur motivation et exprimer leur envie de servir l’Etat.
Enfin, les candidats doivent relever de critères sociaux de la diversité : cela vise le niveau de ressources (plafond de 33 100 € sur les revenus en 2015), le profil socio-économique, la filière de formation comme la provenance géographique.

« Résider ou avoir fait sa scolarité dans les quartiers prioritaires éligibles à la politique de la ville répond naturellement au public visé par le dispositif CPI, précise Jean-Luc Guillemoto, directeur de l’IRA.

Il y a des talents dans tous les territoires, urbains, péri-urbains, ruraux, dans les quartiers populaires, dans les zones à revitaliser, et ce dispositif est fait pour eux. Il faut donc qu’ils soient mieux identifiés.

La CPI est l’un des outils de cette politique de la diversité qui requiert de mobiliser et de s’ouvrir à d’autres partenariats. Mon souhait est d’ailleurs de communiquer aussi en direction d’étudiants issus de cursus de sociologie, d’histoire, de géographie ou de filières techniques, afin qu’ils puissent aussi se projeter dans un parcours professionnel au sein de la fonction publique, se donner cette ambition,  lever une forme d’autocensure… »

Jean-Luc Guillemoto, directeur de l’IRA
Marie-Nadia Le Vély, Chargée du suivi de la CPI
Antoine Haouchine, attaché-stagiaire à l’IRA
Yasmina Abid, passe cette année le concours de l’IRA

Une préparation au concours dans un cadre privilégié

D’une durée de 9 mois (600 heures d’enseignement), le cursus de la CPI propose une formation en adéquation avec le concours d’entrée à l’IRA (externe ou troisième concours), avec 6 premiers mois intenses consacrés à la préparation aux épreuves écrites d’admissibilité, les 3 derniers mois étant réservés aux immersions de courte durée au sein d’institutions locales et à la préparation de l’oral.
« Notre atout ? Nous connaissons bien les attendus et les exigences du concours. Pendant cette préparation, nous faisons en sorte d’ouvrir le champs des possibles. Ce dispositif leur permet d’esquisser puis de mieux structurer leur projet professionnel. » analyse Jean-Luc Guillemoto.
Chargée du suivi de la CPI, Marie-Nadia Le Vély insiste sur la notion de collectif propre à cette classe.

« Le collectif est là pour aider les élèves dans leur apprentissage. De plus, ils préparent les épreuves du concours dans un cadre privilégié. Par exemple, chaque élève est tutoré par deux attachés-stagiaires et bénéficie d’un suivi pédagogique personnalisé, dispensé par un cadre administratif extérieur. »

« Un mélange de parcours et de profils »

Né à Roubaix et ayant grandi à Tourcoing, Antoine Haouchine, 26 ans, est titulaire d’une Licence en Langues Etrangères. « Dans le cadre de mon Master en Géographie politique à Reims, j’ai fait un stage au cours duquel j’ai entendu parler des concours de la fonction publique. J’ai découvert l’existence des CPI et ai pensé qu’y entrer était une bonne idée. »
Il postule alors aux CPI des différents IRA avant d’être sélectionné par l’établissement nantais, en 2015. « A l’IRA, ce qui est intéressant, c’est le mélange de parcours et de profils. On acquiert une solide culture des concours et une culture des administrations ensemble. »
Actuellement attaché-stagiaire à l’IRA de Nantes cette année, il s’est découvert un intérêt pour l’administration centrale.

« Je choisirai le ministère en fonction de ma formation. Ici, on fonctionne à l’opposé de ce qu’on nous apprend habituellement, c’est à dire de cibler ce qu’on veut faire. »

Comme les 130 autres élèves de sa promotion, il exerce également du tutorat auprès des étudiants en CPI. « J’essaie de transmettre des cours et des notes, de leur apporter un soutien moral et psychologique, de les rassurer. On dispose de recul. On essaie de transmettre ce qu’on a vécu. »

« Un dispositif scolaire rigoureux »

Un CAP secrétariat, une Licence en administration du spectacle, la co-création de la SCOP « Les Petites Mains » et de l’association Des « Femmes en fil » dans le quartier nantais Bellevue, puis, récemment, de la consultation en projets culturels dans les quartiers populaires : Yasmina Abid, 45 ans, affiche un profil professionnel riche en diversité. « L’an dernier, lors d’un cours du soir à l’IPAG (Institut de Préparation à l’Administration Générale), mon professeur m’a dit : « Avec votre parcours, vous devriez rentrer dans une Classe préparatoire intégrée. » J’ai pensé que je pouvais avoir un avenir dans la fonction publique. »
Justifiant de 5 années d’expérience professionnelle, elle passe cette année, comme deux autres élèves de la classe, le 3ème concours, avec moins de matières que les élèves préparant le concours externe. « En plus des modules du socle d’étude, des intervenants et des professionnels viennent nous présenter différentes thématiques, comme la modernisation de la fonction publique ou l’égalité hommes-femmes. C’est un savant mélange de savoirs. C’est un dispositif scolaire rigoureux. »
Dans l’idéal, Yasmina Abid souhaite devenir attachée-stagiaire à l’IRA l’an prochain.

« On prépare le concours de l’IRA en priorité, et aussi, parallèlement, d’autres concours. Après avoir été attaché-stagiaire à l’IRA, on peut travailler dans différents domaines : être gestionnaire dans un établissement scolaire ou entrer à la Direction Régionale de l’Action Culturelle. La polyvalence est énorme. »

La CPI en quelques chiffres

29 : le nombre total d’élèves de la promotion 2016/17 qui, à ce titre, bénéficient de l’allocation pour la diversité.
6 : le nombre d’élèves de cette promotion 2016/17, qui bénéficient d’une allocation retour en formation (AREF) versée par Pôle Emploi.
50% : le taux de réussite au concours de l’IRA
66% : le taux de réussite à un des concours de la fonction publique
80% : le pourcentage, a minima, d’élèves s’inscrivant dans une démarche d’insertion professionnelle
114 : le nombre de candidatures reçues l’an dernier.
2 : le nombre d’antennes ouvertes en septembre 2016, à Limoges et Brest, qui ont accueilli, cette année, chacune, 4 élèves.

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Article rédigé par Isabelle Corbé
Mis à jour le 10 avril 2017

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